Vous n’avez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l’orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servis simplement de vos armes
La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans
Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L’affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants
Nul ne semblait vous voir français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents
Tout avait la couleur uniforme du givre
À la fin février pour vos derniers moments
Et c’est alors que l’un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand
Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan
Un grand soleil d’hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le cœur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d’avoir un enfant
Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant.
Louis Aragon, Le Roman inachevé, 1956
La fonction de cette affiche est de discréditer, de salir la réputation et la mémoire des condamnés. Il faut donc garder ce projet à l’esprit pour l’analyser.
Tout d’abord, c’est sans doute le choix des couleurs qui frappe au premier regard. Le noir est une couleur associée au deuil et au mal (par opposition au blanc). Quant au rouge, c’est la couleur du sang et du communisme, l’association des deux suggérant que les communistes sont violents et sèment le chaos. Je vous rappelle, au cas où vous l’auriez oublié que les nazis étaient en guerre contre l’URSS et le bolchevisme.
Ensuite,le triangle tourné vers le bas suggère un sens de lecture du haut vers le bas, symboliquement le sens d’une chute et non d’une ascension. Ce sens de lecture est confirmé par le texte. Une question est posée en haut de l’affiche (« Des libérateurs ? »), demandant si les résistants vont réellement libérer la France de l’oppression, du joug nazi. Passant par diverses photos, montrant les prétendues horreurs qu’ils ont commises, la réponse est fournie en bas : « La Libération par l’armée du crime ». Vous remarquerez au passage l’emploi de deux mots de la même famille : libérateur/libération (dérivation par suffixes). L’affiche fonctionne donc sur le principe question (phrase interrogative) /réponse (phrase exclamative); c’est une démonstration qui part du haut et finit en bas de l’affiche. La réponse apportée est ironique (antiphrase) : des criminels ne peuvent pas libérer un pays, ils sèment le désordre.
Autre aspect important du texte, les légendes sous les photos, assez révélatrices de l’idéologie raciste: on y mêle la religion (« juif »), l’origine étrangère (« polonais », « arménien »...) ou l’appartenance politique (« rouge »), comme si tout cela avait un quelconque sens qui expliquerait le comportement criminel des hommes arrêtés. Ce qui est sous-entendu, c’est qu’ils sont criminels parce qu’ils sont communistes, immigrés et juifs.
Remarquez également que les photos en médaillons (rondes) sont présentées de façon ordonnée, pour faire comprendre que ce réseau est très structuré et mène à un « chef de bande », Missak Manouchian. Cette organisation très rigoureuse engendre le chaos : les photos rectangulaires disposées un peu n’importe comment montrent que cette armée produit le chaos : assassinats, caches d’armes, déraillements.
J’ajoute que ces photos rondes rappellent des impacts de balles comme ceux qu’on trouve sur la cadavre en bas à gauche. J’ai également l’impression d’avoir sous les yeux un arbre généalogique… car le crime est dans leurs veines (⇒ idéologie raciste).
Certains d’entre vous trouveront que je vais chercher loin, mais c’est bien le propre d’une image de propagande de fonctionner par connotations, par allusions, parfois vagues mais assez puissantes pour influencer la population. Il est important de procéder à ce décodage pour comprendre pourquoi certaines images peuvent nous influencer sans qu’on sache bien toujours bien pourquoi...
A reporter dans le lexique :
connotation : cela désigne un sens secondaire, une suggestion, qui vient s’ajouter au sens premier, fondamental d’un mot.
Temps simples | Temps composés |
EXEMPLE : Elles partent (présent de l'indicatif) | ► Elles sont parties (passé composé) |
Je mange | ►j’ai mangé (passé composé) |
►je pars (présent de l’ind.) | Je suis partie |
► On suppliait (imparfait de l’ind.) | On avait supplié |
Nous travaillâmes | ►Nous eûmes travaillé (passé antérieur) |
Ils mangèrent | ►Ils eurent mangé (passé antérieur) |
►Vous tromperez (futur simple de l’ind.) | Vous aurez trompé |
►Je jouerai (futur simple de l’ind.) | J'aurai joué |
► Je jouerais (présent du conditionnel) | J'aurais joué |
Tu arrivais | ►Tu étais arrivé(e) (plus-que-parfait de l’ind.) |
Nous travaillions | ► Nous avions travaillé (plus-que-parfait de l’ind.) |
►Elles reconduiront (futur simple de l’ind.) | Elles auront reconduit |
Elle mourra | ►Elle sera morte (futur antérieur) |
Nous courûmes | ►Nous eûmes couru (passé antérieur) |
►Elles donnèrent (passé simple) | Elles eurent donné |
►Vous montez (présent de l’ind.) | Vous êtes montés |
►que vous partiez (présent du subjonctif) | Que vous soyez parties |
Qu'elles écrivent | ►Qu’elles aient écrit (passé du subjonctif) |
►Tu apprendrais (présent du conditionnel) | Tu aurais appris |
►Que nous chantions (présent du subjonctif) | Que nous ayons chanté |
Que vous finissiez | ►que vous ayez fini (passé du subjonctif) |
Temps simple | Temps composé correspondant | voir | aller |
Présent de l’indicatif | Passé composé | J’ai vu nous avons vu | Je suis allé(e) Nous sommes allé(e)s |
Futur de l’indicatif | Futur antérieur | j’aurai vu nous aurons vu | Je serai allé(e) nous serons allé(e)s |
Imparfait | Plus-que-parfait | j’avais vu nous avions vu | j’étais allé(e) nous étions allé(e)s |
Passé simple | Passé antérieur | j’eus vu nous eûmes vu | Je fus allé(e) nous fûmes allé(e)s |
Temps simple | Temps composé correspondant | voir | aller |
Présent du conditionnel | Passé (1ère forme) du conditionnel | J'aurais vu nous aurions vu | je serais allé(e) nous serions allé(e)s |
Temps simple | Temps composé correspondant | voir | aller |
Présent du subjonctif | Passé du subjonctif | Que j’aie vu que nous ayons vu | Que je sois allé(e) Que nous soyons allé(e)s |
Temps simples | Temps composés |
EXEMPLE : Elles partent (présent de l'indicatif) | ► Elles sont parties (passé composé) |
Je mange | ► |
► | Je suis partie |
► | On avait supplié |
Nous travaillâmes | ► |
Ils mangèrent | ► |
► | Vous aurez trompé |
► | J'aurai joué |
► | J'aurais joué |
Tu arrivais | ► |
Nous travaillions | ► |
► | Elles auront reconduit |
Elle mourra | ► |
Nous courûmes | ► |
► | Elles eurent donné |
► | Vous êtes montés |
► | Que vous soyez parties |
Qu'elles écrivent | ► |
► | Tu aurais appris |
► | Que nous ayons chanté |
Que vous finissiez | ► |
Je vous recommande d'apprendre vos tableaux de conjugaison. Je vous donnerai d'autres exercices vendredi. Bonne semaine.
1. humble : modeste. La scène se déroule dans un intérieur ouvrier
farouche : sauvage, non domestiqué
aïeule : ascendante directe, âgée. Peut aussi désigner une ancêtre, selon le contexte. Ici, on voit bien qu'il s'agit d'une grand-mère.
Roide : raide. La mort retire la souplesse et l'articulation des membres.
Alcôve : chambre. Il faut de l'argent à Napoléon III, nous dit le poète, pour son alcôve. Il désigne donc ici des plaisirs tarifés pratiqués dans la chambre...
linceul : c'est le drap dans lequel on enterre les morts. Plus haut dans le poème, on parle d'un drap blanc.
2. Suite au Coup d'Etat de Napoléon III, Hugo raconte une scène dont il a été témoin : on amène à une vieille femme le corps de son petit-fils de sept ans, tué pendant les émeutes, alors que cet enfant jouait dans la rue.
3. Les premières figures de style notables se trouvent dans ces vers :
On pouvait mettre un doigt dans les trous de ses plaies.
Avez-vous vu saigner la mûre dans les haies ?
Son crâne était ouvert comme un bois qui se fend.
La mûre qui saigne est une personnification : le poète attribue une caractéristique animale ou humaine à un fruit par analogie de couleur (même si le jus de la mûre n'est pas exactement rouge). Ce fruit qui saigne est lui-même une métaphore de l'enfant aux plaies béantes.
La seconde image est une comparaison, encore une fois en lien avec le monde végétal : le crâne est rapproché d'une bûche fendue.
Petite remarque au passage. L'idée saugrenue de mettre un doigt dans la plaie d'un cadavre est une référence religieuse à saint Thomas qui, après la résurrection de Jésus-Christ, veut toucher pour croire !
L’Incrédulité de saint Thomas (détail), Le Caravage, 1603
Hugo est ce saint Thomas qui assiste lui aussi aux souffrances du peuple et cet enfant est donc comparé à Jésus-Christ. D'ailleurs, plus loin dans le poème, l'aïeule ne dit-elle pas de l'enfant qu'il était "bon et doux comme un Jésus", explicitant ainsi la comparaison...
Hélas ! ce que la mort touche de ses mains froides
Ne se réchauffe plus aux foyers d'ici-bas !
Napoléon III peint par Hippolyte Flandrin en 1861.
Pour commencer le travail sur netboard, je commence par un rappel du travail interrompu.
En AP, nous avons commencé à réviser l'accord des participes passés. Voici le travail que je vous avais transmis sur l'ENT, au cas où vous seriez passés au travers :
1. a. Il faut tout d'abord s'entendre sur ce qu'est un participe passé. J'ai trouvé cette liste, que je vous recommande de connaître, c'est très utile :
https://latouchefrancaise.files.wordpress.com/2014/04/lista-de-participios.jpg
b. Pour les verbes du premier groupe, il y a un risque de confusion avec l'infinitif (-é/-er). Je vous renvoie à la leçon et à l'exercice du "Français facile" suivants :
https://www.francaisfacile.com/exercices/exercice-francais-2/exercice-francais-57403.php
2.Ensuite, je vous rappelle les règles d'accord. Vous pouvez les imprimer, les copier, les coller à la fin de votre cahier de français...
Règles d'accord du participe passé (I) a. Le participe passé employé sans auxiliaire s'accorde systématiquement avec le nom auquel il se rapporte. Exemple : La voiture cassée b. Le participe passé employé avec "être" s'accorde avec le sujet. Exemple : Les trois petits cochons sont partis de chez eux. c. Le participe passé employé avec "avoir" s'accorde avec le COD quand celui-ci est placé avant l'auxiliaire. Exemple : Les pommes qu'ils ont mangées étaient rouges. Remarque Dans les constructions qui comprennent à la fois "être" et "avoir", par exemple "a été", c'est l'auxiliaire "être" qu'il faut prendre en compte, ce qui signifie qu'on accorde le participe passé avec le sujet. Exemple : Les pommes ont été mangées. |
==> Comprenez et apprenez ces règles ; vous pouvez ensuite vous exercer sur l'excellent site canadien CCDMD, dont voici le lien :
https://www.ccdmd.qc.ca/fr/exercices_interactifs/?id=1030&action=animer
Un autre exercice :
https://www.francaisfacile.com/exercices/exercice-francais-2/exercice-francais-1892.php
Pour finir, je vous donne un exercice de réécriture. Réécrivez ce texte au passé composé :
Ma soeur s'installe devant la télévision. Elle s'endort rapidement. Maman s'assied à côté d'elle. A la fin du film, ma sœur se réveille. Elle et maman montent se coucher.
Correction
Ma soeur s'est installée devant la télévision. Elle s'est endormie rapidement. Maman s'est assise à côté d'elle. A la fin du film, ma sœur s'est réveillée. Elle et maman sont montées se coucher.
I. RAPPELS
1. Phrase verbale / non-verbale
Une phrase verbale est toujours organisée autour d'un ou plusieurs verbes conjugués.
Exemple : Nous révisons des notions de grammaire.
La phrase non-verbale est souvent construite autour d'un nom. On trouve des phrases nominales dans certaines questions ou exclamations, des titres ou encore des slogans publicitaire ou politiques.
Exemples : Voici une belle histoire. Quelle histoire ! Quelle histoire ?
2. La proposition
On appelle proposition un groupe de mots comprenant un verbe conjugué. Une phrase contient donc autant de propositions que de verbes conjugués.
Exemple : [Il mange] [et s’endort.]
prop.1 prop. 2
3. La phrase simple et la phrase complexe
Une phrase simple ne contient qu’un verbe conjugué (...cette phrase constitue en même temps une proposition).
Exemple : [J’ai toujours aimé le bruit de la mer dans les coquillages.] ==> c'est une phrase simple parce qu'il n'y a qu'un verbe : aimer au passé composé.
Une phrase complexe se compose d’au moins deux propositions (il y a donc au moins deux verbes conjugués)
Exemple : [Je regarde la télé en mangeant des chips] [et je m’endors vers deux ou trois heures du matin sans me soucier du
lendemain matin]
1. Nous lui avons suggéré de venir avec nous pour ne pas perdre de temps avec des histoires sans intérêt.
2. Afin que tout le monde soit au courant de notre relation, nous avons décidé d’en parler dans les journaux.
3. Avant de prendre des mesures graves, nous aimerions vous entretenir de ce qui s’est passé.
4. J’entends du bruit derrière la porte, j’ouvre et constate les dégâts : une voiture brûle dans mon jardin.
5. Je n’aime pas qu’on me prenne pour ce que je ne suis pas : un imbécile.
6. Je souhaite aller à la ferme dont tu m’as parlé ; il paraît qu’on y trouve des œufs frais.
Correction
1. Nous lui avons suggéré de venir avec nous pour ne pas perdre de temps avec des histoires sans intérêt. = phrase simple (= proposition indépendante)
2. [Afin que tout le monde soit au courant de notre relation,] = proposition subordonnée
[ nous avons décidé d’en parler dans les journaux.] = proposition principale
3. [Avant de prendre des mesures graves, nous aimerions vous entretenir de ce] = proposition principale
[qui s’est passé.] = proposition subordonnée
4. [J’entends du bruit derrière la porte,]
[ j’ouvre]
[ et constate les dégâts :]
[ une voiture brûle dans mon jardin.]
Les quatre propositions de cette phrase sont indépendantes.
5. [Je n’aime pas] = proposition principale
[ qu’on me prenne pour ce] = proposition subordonnée (dépend de la première)
[ que je ne suis pas : un imbécile.] = proposition subordonnée (dépend de la deuxième)
6. [Je souhaite aller à la ferme] = proposition principale
[ dont tu m’as parlé] = proposition subordonnée (dépend de la première)
[il paraît] = proposition principale
[ qu’on y trouve des œufs frais.] = proposition subordonnée (dépend de la troisième)
Un autre exercice en ligne sur la distinction entre coordination, juxtaposition et subordination :
https://www.francaisfacile.com/exercices/exercice-francais-2/exercice-francais-73656.php
Allons plus loin dans la subordination , puisque nous y sommes. Nous allons donc voir les différentes propositions subordonnées :
1. La proposition subordonnée relative est introduite par un pronom relatif (qui, que, quoi, dont, où, lequel et ses composés). Elle complète un nom. Sa fonction est d'être complément de l'antécédent (= de ce nom qu'elle complète).
Exemple : La pièce de théâtre [que j'ai lue] m'a beaucoup plu.
Le pâtissier apporta, lui-même, au dessert, une pièce montée qui fit pousser des cris. A la base, d’abord, c’était un carré de carton bleu figurant un temple dans lequel on pouvait apercevoir des statuettes de sucre ; puis se tenait au second étage un donjon en gâteau de Savoie, entouré de menues fortifications en angélique, amandes, raisins secs, quartiers d’oranges ; et enfin, sur la plate-forme supérieure, qui était une prairie verte où il y avait des rochers avec des lacs de confiture et des bateaux en écales de noisettes, on voyait un petit Amour, se balançant à une escarpolette de chocolat, dont les deux poteaux étaient terminés par deux boutons de rose naturels, au sommet.
D’après Gustave Flaubert, Madame Bovary, 1857Nous terminons l’étude des circonstancielles avec le manuel Etude de la langue. Les différentes circonstancielles sont traitées aux pages 104 à 115. Le sujet est vaste et sera traité en deux fois. Par souci de synthèse, j’aborde aujourd'hui le temps, la cause/conséquence et le but, résumés dans le tableau suivant, à coller dans le cahier :
Circonstances | Exemples de conjonctions de subordination utilisées | Exemples |
Temps (p. 104-105) | Quand, avant que, après que, dès que, en même temps que, pendant que... | [Depuis qu’il fait du sport], il a perdu du poids. |
Cause (p. 106-107) | Parce que, puisque, étant donné que, vu que... | Tu n’auras pas de dessert [puisque tu n’as pas terminé ton assiette.] |
Conséquence (p. 106-107) | De telle sorte que, au point que, tellement/si… que | Elle a tellement dormi [qu’elle est arrivée en retard au travail.] |
But (p. 108-109) | Pour que, afin que... | Nous avons organisé cette kermesse [pour que les enfants soient contents.] |
Remarques
1. Dans les propositions subordonnées circonstancielles de temps, on n’utilise pas le même mode verbal, selon que l’action de la principale se déroule avant ou après celle de la subordonnée. Avec « avant que », on emploie le subjonctif (action incertaine, non réalisée) ; mais on opte pour l’indicatif avec « après que » (action certaine, déjà effectuée) :
Exemples :Avant que tu ne viennes (subjonctif), je voudrais vérifier les horaires de train.
Après que le bateau fut sorti (indicatif) du port, la tempête s’éleva.
2. La cause et la conséquence sont les deux faces d’une même pièce : les deux actions sont complémentaires et réversibles. Une phrase qui contient une cause peut être transformée en phrase contenant une conséquence.
Exemple : Il a décidé de mettre son imperméable [parce qu’il risque de pleuvoir. ] Cette phrase contient une prop. sub. circ. de cause.
⇒ Il risque de pleuvoir [de sorte qu’il a décidé de mettre son imperméable] Cette phrase exprime la même action que précédemment, mais la principale est devenue une prop. sub. circ. de conséquence
3. Vous remarquerez que l’exemple que je donne dans le tableau pour la conséquence présente une particularité : les deux mots de la locution conjonctive (tellement… que) sont séparés. On parle de structure corrélative.
Autre exemple : Il a si bien travaillé [qu'il a été récompensé.] (structure si... que)
Prenez le temps de lire et de comprendre tout cela avant de faire les exercices.
Voici quelques exercices du manuel portant sur cette leçon :
- Temps : N°1 p. 104 et 4 p. 105
- Cause / conséquence : N°2 p. 106-107
- But : N°1 p. 108
Correction
N°1 p. 104
1. Quand/Dès que la nuit tombe, on entend hululer la chouette.
2. A chaque fois qu’ils se rencontrent, ils évoquent des souvenirs.
3. Après que les douze coups de minuit ont retenti, tout s’éteint.
4. L’entraîneur fait les dernières recommandations avant que les épreuves ne débutent.
5. Elle a explosé de joie quand elle a lu le message.
Remarque : Pour transformer la partie soulignée dans l’exercice, il fallait ajouter une conjonction de subordination (exprimant le temps, bien sûr) et un verbe conjugué. J’ai surligné la conjonction de subordination dans la correction.
N°4 p. 105
a. 1. Nous ne répondons jamais au téléphone pendant le dîner. Groupe prépositionnel GN
2. En arrivant au collège, j’ai constaté que les grilles étaient fermées. Gérondif : je rappelle qu’il s’agit d’un participe présent (verbe en -ant) précédé de en
3. Après avoir fermé la porte, il partit et on ne le revit plus. Groupe prépositionnel Verbe à l’infinitif.
b. 1. Nous ne répondons jamais au téléphone pendant que nous dînons.
2. Quand je suis arrivé au collège, j’ai constaté que les grilles étaient fermées.
3. Quand / après qu’il eut fermé la porte, il partit et on ne le revit plus.
N°2 p. 106-107
Cause :
1. parce qu’ils ont beaucoup d’enfants
4. comme elle était émue
Conséquence :
2. si […] qu’ils ont été invités à le produire à nouveau
3. de sorte qu’on respira dans le quartier
N°1 p. 108
1. Apportez des chaises pour que tout le monde puisse s’asseoir.
2. Afin que le village ait de l’eau, un puits sera construit.
3. Harpagon enterre son or, de peur que quelqu’un ne le lui dérobe.
4. La rue a été coupée à la circulation, de façon que la brocante s’y déroule dans de bonnes conditions.
Nous terminons l’étude des circonstancielles en nous concentrons sur la comparaison, l’opposition, la concession et la condition. Comme précédemment, j’ai tâché d’élaguer au maximum :
Circonstances | Exemples de conjonctions de subordination utilisées | Exemples |
Comparaison | Comme, ainsi que, de même que, etc. | Je travaille davantage que tu ne le croies. |
Opposition | Alors que, quand, tandis que, etc. | Il joue dans le jardin quand son frère fait la vaisselle. |
Concession | Bien que, alors que, même si, etc. | Même si tu achètes ton billet en avance, il te coûtera de toute façon très cher. |
Condition / Hypothèse | Si, en admettant que, à condition que, pourvu que, etc. | Je finirai la course à condition que le moteur tienne bon. |
Remarques
1. Le verbe de la subordonnée n’est pas toujours exprimé ; il peut être sous-entendu. C’est à ma connaissance le seul cas de proposition subordonnée circonstancielle sans verbe exprimé.
Ex. : Je suis plus fort [que toi]. (=que tu ne l’es)
2. La distinction entre opposition et concession est subtile : dans le premier cas, on se contente de constater une contradiction. Dans le second cas, l’apparente contradiction des deux actions n’empêche pas leur cohabitation.
Ex. : Bien qu’il travaille dur à la maison, il ne réussit pas ses contrôles. (concession)
Il travaille très dur alors que sa sœur n’ouvre jamais son sac de cours. (opposition)
Exercices
N°1 p. 110
N°1 p. 112 et N°5 p. 113
N°1 p. 114
Tout cela pris séparément n’est pas très difficile ; en revanche, maîtriser tout cela à la fois pose davantage problème. Je vous proposerai un exercice de synthèse mardi prochain.
Bonne fin de semaine.
Préface de Paroles de révolte(1995), Michel Piquemal
Gautier | Piquemal | |
Citation qui résume la
pensée de l'auteur | ||
But de l'art |
Voici des affirmations. Certaines sont vraies, d'autres fausses, d'autres seulement discutables. Donnez votre avis en le justifiant.
1. La poésie ne peut rien contre la guerre, le racisme, l'intolérance.
2. La poésie donne des forces pour lutter contre l'oppression et la tyrannie.
3. Les poètes expriment surtout leurs sentiments personnels pour ce qui les entoure.
4. Les poètes peuvent s'engager pour défendre une cause.
5. Des poèmes peuvent être interdits.
6. Certains poètes ont été très connus et populaires pour leurs combats.
7. Des poètes se sont engagés dans la vie politique et sont même devenus chefs d’État.
8. La poésie engagée combat toujours ce qui opprime les hommes.
9. La poésie engagée s'exprime en vers.
10. La chanson d'aujourd'hui peut être engagée.
Staline dans le cœur des hommes
Sous sa forme mortelle avec des cheveux gris
Brûlant d’un feu sanguin dans la vigne des hommes
Staline récompense les meilleurs des hommes
Et rend à leurs travaux la vertu du plaisir
Car travailler pour vivre est agir sur la vie
Car la vie et les hommes ont élu Staline
Pour figurer sur terre leurs espoirs sans bornes.
Et Staline pour nous est présent pour demain
Et Staline dissipe aujourd’hui le malheur
La confiance est le fruit de son cerveau d’amour
La grappe raisonnable tant elle est parfaite
Staline dans le cœur des hommes est un homme
Sous sa forme mortelle avec des cheveux gris
Brûlant d’un feu sanguin dans la vigne des hommes
Staline récompense les meilleurs des hommes
Et rend à leurs travaux la vertu du plaisir
Car travailler pour vivre est agir pour la vie
Car la vie et les hommes ont élu Staline
Pour figurer sur terre leur espoir sans bornes.
Paul Eluard 1950
Questions
1. Comparez ces deux textes en complétant le tableau suivant :
Gautier | Piquemal | |
Citation qui résume la pensée de l'auteur | « Il n'y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien » | « La colère se fait chant, la révolte se fait verbe...» Éventuellement, on peut aussi proposer cette phrase qui est un hommage au fameux « Je pense donc je suis » (Cogito ergo sum en latin) : « Je me révolte donc je suis » |
But de l'art | L'art est la production d'œuvres belles. | L'art est un moyen d'exprimer sa révolte face aux injustices. |
2. Il m'est difficile de remplir ce tableau à votre place. Voici quelques références célèbres :
Œuvres non-engagées | Œuvres engagées |
La Joconde (Léonard de Vinci) : portrait pictural d'une femme, dont le regard et le charme semblent séduire encore aujourd’hui. Demain dès l’aube (Victor Hugo) : poème célèbre dans lequel le poète rend hommage à sa fille, décédée par noyade. Il y exprime seulement sa tristesse, son recueillement. Plus largement, la plupart des poèmes lyriques n’ont aucun lien avec l’engagement. | Guernica (Pablo Picasso) : peinture qui présente le bombardement de la population civile d'une ville pendant la guerre civile espagnole. Il s'agit d'une dénonciation des agissements de Franco et de ses alliés (Hitler et Mussolini) Les Châtiments (Victor Hugo) : recueil de poèmes écrits contre Louis-Napoléon Bonaparte, après son coup d'Etat du 2 décembre 1848. Victor Hugo a quitté la France et a fait publier ce recueil à charge contre l'empereur. Les Joueurs de Skat (Otto Dix) : ce tableau de 1920 représente d’anciens combattants de la Première Guerre mondiale, jouant aux cartes, le visage mutilé. Le peintre y dénonce les horreurs de la guerre. |
3. Ma définition. L’engagement est une conception de l’utilité des arts, selon laquelle ils servent à éveiller les consciences. Touché par une œuvre engagée, le public à qui elle s’adresse est censé changer d’opinion, réagir, prendre position en faveur d’une cause.
Dans mes commentaires, vous trouverez des liens vers des titres, des références que vous aurez peut-être la curiosité de découvrir. Vous ne perdrez pas votre temps...
1. Certains poèmes ou recueils entiers de poèmes, comme les Châtiments de Hugo sont intégralement consacrés à la la dénonciation d'un régime autoritaire. Dans Souvenir de la nuit du 4, le poète se souvient d'un enfant tué au moment du Coup D’État (https://gallica.bnf.fr/essentiels/victor-hugo/chatiments/souvenir-nuit-4)
2. Pourquoi pas… Songez à La Marseillaise, que vous connaissez comme hymne national mais qui est avant tout un poème de Rouget de Lisle (1792), composé pendant la Révolution française. C’est un chant puissant, entraînant, qui devait produire son effet en ces temps troublés, pour mener les soldats républicains au combat.
3. C’est l’idée qu’on se fait souvent des poètes : ils expriment leurs sentiments. Mais c’est réducteur : il n’y a pas de sujet impropre à la poésie. La dénonciation des injustices est un sujet parmi d’autres. Francis Ponge a écrit des poèmes sur des objets quotidiens, sans lyrisme ou sentimentalité ni dénonciation de quoi que ce soit : L'huître, La Lessiveuse, Le Mimosa et même Le Cageot (poème en prose à lire ici : http://www.florilege.free.fr/florilege/ponge/lecageot.htm)
4. Des poètes se sont engagés dans la Résistance, pendant la Seconde Guerre mondiale (René Char, Louis Aragon, Robert Desnos...)
5. Quand un poète dénonce la dictature dans son propre pays, il peut être inquiété, bien sûr.
6. Je repense à Hugo, très populaire par son opposition à Napoléon III, mais il y a aussi des écrivains (pas vraiment des poètes, il est vrai) qui se sont impliqués : Emile Zola prit la défense de Dreyfus et il est à peu près certain que sa mort n’a rien d’accidentel (conduit de cheminée bouché ayant conduit à son asphyxie).
7. Ça arrive : le poète Lamartine fut ministre des Affaires étrangères sous la Seconde République. Senghor fut le premier président du Sénégal, Aimé Césaire fut député de la Martinique, etc.
8. Si vous avez lu le poème d’Eluard à la gloire de Staline que j’ai posté, vous avez compris qu’un poète peut (sciemment ou non) se mettre au service de l’oppresseur.
9. La question du vers n’est pas propre à l’engagement : on peut écrire de la poésie qui ne soit pas en vers. Les Illuminations d’Arthur Rimbaud et le Spleen de Paris de Baudelaire (http://www.poetes.com/textes/baud_spl.pdf) sont des recueils de poèmes écrits en prose.
10. J’imagine que oui. Je n’y connais rien, mais ça doit se trouver… Vous connaissez cela mieux que moi. Le fait est que la chanson est une forme de poésie.
Nombre de syllabes | Nom du vers | Commentaire |
1 | monosyllabe | Vers
courts, assez peu utilisés |
2 | dissyllabe | |
3 | trisyllabe | |
4 | tétrasyllabe | |
5 | pentasyllabe | |
6 | hexasyllabe | |
7 | heptasyllabe | Peu fréquent |
8 | octosyllabe | Très fréquent |
9 | ennéasyllabe | Peu fréquent |
10 | décasyllabe | Très fréquent |
11 | hendécasyllabe | Très rare |
12 | alexandrin | Très fréquent |
Les vers en gras sont les vers les plus couramment utilisés. Un poète s'est amusé à utiliser la plupart de ces types de vers dans le même poème : c'est Victor Hugo, dans les Djinns : https://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/victor_hugo/les_djinns
Parenthèse refermée. Reprenons :
Je n’aime plus la rue Saint-Martin
Depuis qu’André Platard l’a quittée.
Je n’aime plus la rue Saint-Martin,
Je n’aime rien, pas même le vin.
Je n’aime plus la rue Saint-Martin
Depuis qu’André Platard l’a quittée.
C’est mon ami, c’est mon copain.
Nous partagions la chambre et le pain.
Je n’aime plus la rue Saint-Martin.
C’est mon ami, c’est mon copain.
Il a disparu un matin,
Ils l’ont emmené, on ne sait plus rien.
On ne l’a plus revu dans la rue Saint-Martin.
Pas la peine d’implorer les saints,
Saints Merri, Jacques, Gervais et Martin,
Pas même Valérien qui se cache sur la colline.
Le temps passe, on ne sait rien.
André Platard a quitté la rue Saint-Martin.
Robert Desnos, États de veille, 1943
- 7 syllabes (vers 17)
- 9 syllabes (vers 1)
- 8 syllabes (vers 7)
- 10 syllabes (vers 12)
- 12 syllabes (vers 13)
- 14 syllabes (vers 16)
Cette alternance est totalement irrégulière et ne répond à aucune règle. Dans ce cas, on parle de vers libres. Comme leur nom l'indique, les vers libres ne se laissent pas enfermer par un compte précis de syllabes.
2. C'est une autre caractéristique du vers libre : ça ne rime pas forcément, on ne cherche plus de rimes plates, croisées et embrassées. Desnos s'est quand même efforcé de finir presque tous ses vers par le son « -in ». Cette rime est associée en fait à des répétitions de mots, à un ressassement lié à la disparition de son ami. D'autre part, cette rime, par son extrême simplicité, donne au poème un caractère enfantin qui se retrouve dans le choix du vocabulaire (« c'est mon copain »). Cette amitié simple, cette camaraderie se retrouvent donc dans le système des rimes.
On trouve une autre rime en « quittée » et un mot tout seul « colline ». Le poète feint de parler d'un saint qui s'appellerait Valérien. En réalité il désigne le mont (ou colline) Valérien, qui était la prison où les Allemands exécutaient les opposants. C'est sans doute la raison pour laquelle ce mot ne rime avec rien : il crée une dissonance, une rupture de l'harmonie qui régnait avant l'arrestation du « copain ».
Étudier un poème, c'est voir comment le fond et la forme se complètent. Ici, on voit que le choix des rimes accompagne le propos du poète.
3. Le poète alterne deux quatrains (strophes de quatre vers) et deux quintils (strophes de cinq vers).
4. Les « Couplets de la rue Saint-Martin» témoignent d'une jeunesse et d'une vie simple, heureuse, mais perdues en même temps qu'André Platard a disparu. C'est une chanson des rues détraquée, déréglée aussi bien dans le propos que dans le choix du vers libre et des rimes.
Tout autre est ce « Demain », plus classique dans sa construction (voir séance de mardi dernier) et plus solennel dans son expression (« Ô demain pressenti par l'espoir »). Dans ce poème, Desnos parle des activités clandestines de la Résistance en les associant à la nuit et en évoquant la Libération comme une aurore à venir.
Les « Couplets » présentent une vision personnelle, une douleur intime alors que « Demain » est porté par un projet politique et collectif (emploi de la première personne du pluriel) de libération.
Deux facettes du talent de Desnos, qui mourra, je vous le rappelle, en camp de concentration, en 1945. Je conclurai donc cette séance avec ce poème qu'il a écrit en camp de concentration et qui fut retrouvé dans sa poche par les soldats tchèques qui libérèrent le camp :
II. Petite séance d'orthographe pour finir la semaine. Il s'agit d'une dictée qui présente des difficultés dans l'accord sujet/verbe.
Faites-vous dicter le texte puis relisez-vous en repérant le sujet de chaque verbe conjugué, que vous soulignerez. Souvenez-vous, pour trouver le sujet, on pose la question: "qui est-ce qui ? " ou "qu'est-ce qui?"
Un indice : il y a 9 verbes conjugués.
Voici le texte de la dictée:
La madeleine de Proust
Et dès que j'eus reconnu le goût du morceau de madeleine trempé dans le tilleul que me donnait ma grand-mère, aussitôt la vieille maison grise sur la rue, où était sa chambre, vint comme un décor de théâtre s'appliquer au petit pavillon, donnant sur le jardin, qu'on avait construit pour mes parents sur ses derrières; et avec la maison, la ville, la Place où on m'envoyait avant déjeuner, les rues où j'allais faire des courses depuis le matin jusqu'au soir et par tous les temps, les chemins qu'on prenait si le temps était beau.
Marcel Proust, Du Côté de chez Swann, 1913.
Bon week-end à tous.
Étudier un poème, c'est être attentif à la vision du monde que le poète nous présente. Les figures de style (on parle aussi d'images) servent justement à cela : donner une vision personnelle et originale du monde. Il en existe beaucoup (on en fait même des dictionnaires), mais nul n'est besoin de savoir ce qu'est un zeugma : les dix-sept figures qui figurent dans le tableau constituent déjà un solide bagage.
Aujourd'hui, je suis passé au PDF (tableau qui figure normalement en haut de page) : imprimez, collez, remplissez. Votre travail va consister à définir les figures de style à partir de l'exemple qui vous est donné dans la colonne de droite. A faire au crayon à papier pour éviter les ratures inutiles. Essayez d'expliquer avec vos mots plutôt que de piocher une définition faite par autrui.
Vous remarquerez que ces figures de style sont rassemblées en thèmes : analogie, atténuation/amplification, répétition, substitution, opposition. Il est important de comprendre ces mots :
- analogie = ressemblance (on trouve un point commun entre deux choses a priori très différentes).
- atténuation / amplification : on cherche à minimiser ou au contraire à augmenter (effet loupe) l'importance d'un fait ou d'une réalité.