Continuité pédagogique de 3e 4
Correction Figures De Style
Posted by fourmont

Vendredi 26 juin

Correction du travail demandé.
1. Tout d'abord, il faut remarquer que les parties de la lettre reprises par Aragon figurent en caractères italiques. Des modifications ont été faites, ne serait-ce qu'en laissant certaines parties de côté et en versifiant (en mettant en vers) cette lettre.
Du point de vue de l'énonciation, les mots de Manouchian ne sont pas présentés comme extraits d'une lettre mais prononcés à voix haute, au moment ultime de l'exécution ("l'un de vous dit calmement"), ce qui dramatise davantage la scène.
Ensuite, les ressemblances sont nombreuses et il serait inutile de les reprendre toutes. En voici quelques-uns :
- "je proclame que je n'ai aucune haine contre le peuple allemand" devient "Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand"
- " Je te prie donc de te marier après la guerre, sans faute, et d'avoir un enfant" devient "Marie-toi sois heureuse" et "Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant".
- "C'est en regardant le soleil et la belle nature que j'ai tant aimée que je dirai adieu à la vie et à vous tous" devient " Un grand soleil d'hiver éclaire la colline / Que la nature est belle et que le cœur me fend", etc.
Pour finir, on peut se demander quelles parties ont été volontairement supprimées. Certaines concernent la vie matérielle, les réalités triviales, disons peu poétiques, qui auraient fait retomber l'émotion du poème : la question du legs, de l'héritage ("Tous mes biens et toutes mes affaires je les lègue à toi à ta sœur et à mes neveux") ou de l'édition des poèmes. Le poète veut également donner une impression de sérénité : ces hommes vont mourir en paix avec eux-mêmes et avec le monde. Il a donc ôté toutes les allusions un peu dissonantes : "chacun aura ce qu'il méritera comme châtiment et comme récompense" ; "Je pardonne à tous ceux qui m'ont fait du mal ou qui ont voulu me faire du mal sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus".

2.Il s'agit d'un poème de commémoration. Comme je vous l'ai déjà écrit, ce poème a été écrit pour le onzième anniversaire du décès des résistants. Nous sommes en 1955 : "Onze ans déjà que cela passe vite onze ans". La répétition du temps écoulé en début et en fin de vers sert à montrer la prise de conscience du poète : c'était il y a longtemps mais c'était hier, car le temps n'efface pas le souvenir de ces hommes. D'autre part, vous remarquerez que le poème n'est pas ponctué (comme beaucoup de poèmes d'Aragon) ce qui crée un effet de fluidité, comme si l'on était dans la tête du poète, dans une sorte de monologue intérieur du recueillement et du souvenir. Le début du poème nous plonge dans l'intimité d'une conscience.

D'autre part, la propagande nazie s'applique à présenter les résistants comme des terroristes. Deux figures de style mettent en lumière cette intention. La comparaison contenue dans "L'affiche qui semblait une tache de sang" rappelle l'analyse d'image que nous avions faite la semaine dernière, quand nous avions montré l'association du rouge au sang, à la violence et au communisme. La métaphore "noirs [de barbe et] de nuit" (et ajoutons : "parce qu'à prononcer sont difficiles") rappelle l'intention des propagandistes de présenter les résistants comme des étrangers, des métèques, ce qui dans l'idéologie raciste des nazis est nécessairement péjoratif. Cependant, cette idéologie ne prend pas ("et nos frères pourtant"), puisque les milliers d'anonymes qui verront ces affiches ne se laisseront pas embobiner et l'on sait que cette affiche aura plutôt donné une image valorisée du réseau MOI.La métonymie "des doigts errants" (v. 13) désigne justement cette foule des Français sachant reconnaître la valeur des résistants.

Pour finir, le ton du poème, intime au début comme nous l'avons vu, évolue rapidement en hommage à voix forte. La dernière strophe est construite autour d'une anaphore qui scande l'héroïsme des résistants ("Vingt et trois"). La métaphore "les fusils fleurirent" (v. 36) suggère que l'instant où les résistants ont été abattus prend une tournure florale, anodine, car "la mort n'éblouit pas les yeux des Partisans" (v.5). La scène n'en est pas moins tragique comme le montre l'antithèse "amoureux de vivre à en mourir" : même résolu et déterminé, le sacrifice de ces hommes n'en est pas moins immense.

Je n'ai pas développé la partie consacrée à la nature (ça suffit...), mais il faudrait montrer cette sérénité, cette paix que j'ai évoquées plus haut, en relevant les procédés utilisés. Vous avez remarqué qu'il y a beaucoup de figures de style et que je fais en sorte de les relever. Il faut non seulement savoir les repérer, les nommer, éventuellement les décrire mais, surtout, les expliquer en lien avec l'aspect du texte que vous essayez de décortiquer. On s'en tient là.
Léo Ferré a mis ce poème en musique, ça sera le dernier lien que je vous proposerai sur cette page de la résistance :

Je ne vous donne pas de travail pour ce week-end... si ce n'est un peu d'orthographe. Voici une dictée de circonstance, en lien avec notre séquence, puisqu'elle porte sur la résistance. A vous faire lire par un membre de la famille. Si personne n'est là pour vous dicter le texte, il vous reste Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=5UC0_ZZyQB0
Voici le texte :
Beaucoup parmi les gens de la résistance passent la plupart de leur temps dans les trains. On ne peut rien confier au téléphone, au télégraphe, aux lettres. Tout courrier doit être porté. Toute confidence, tout contact exigent un déplacement. Et il y a les distributions d’armes, de journaux, de postes émetteurs, de matériel de sabotage. Ce qui explique la nécessité d’une armée d’agents de liaison qui tournent à travers la France comme des chevaux de manège. Ce qui explique aussi les coups terribles qui les atteignent. L’ennemi sait aussi bien que nous l’obligation où nous sommes de voyager sans cesse.
Joseph KESSEL, L’Armée des ombres, 1963.


Lundi matin aura lieu la restitution des manuels, ça sera le moment de rapporter le roman que je vous ai prêté. Lundi encore, nous nous retrouverons ensuite à 14h en P1 pour un travail sur les figures de style.
Mardi matin, nous travaillerons la versification.
Bon week-end.

Mardi 22 juin

Je poursuis la séance de la semaine dernière sur l'Affiche rouge. En 1955, Louis Aragon, membre du Parti Communiste, commémore l'anniversaire de la disparition de Manouchian et des autres membres du réseau MOI. Il sera publié, sans surprise, dans le journal L'Humanité et repris l'année suivante (1956) dans son recueil de poèmes, Le Roman inachevé.

Vous n’avez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l’orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servis simplement de vos armes
La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans


Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L’affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants


Nul ne semblait vous voir français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents


Tout avait la couleur uniforme du givre
À la fin février pour vos derniers moments
Et c’est alors que l’un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand


Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan


Un grand soleil d’hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le cœur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d’avoir un enfant


Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant.

Louis Aragon, Le Roman inachevé, 1956


En cours, par des échanges nourris, nous aurions sans doute dégagé quatre caractéristiques principales :
- la dimension commémorative du texte, le fait que ça soit un hommage a posteriori, le recul du temps ;
- l'adieu à la vie ;
- la dénonciation de la propagande nazie ;
- l'héroïsme des condamnés, etc.

Travail à faire pour vendredi 26 :
1. Quels sont les parties de la lettre de Manouchian adressée à Mélinée que vous retrouvez dans le poème d'Aragon ? Quelles modifications constatez-vous et dans quel but les a-t-il effectuées ?
2. Parmi les quatre caractéristiques que j'ai dégagées ci-dessus (en gras), choisissez-en une et montrez comment cela se manifeste dans le poème. Rédigez votre réponse en analysant le poème (recherche des figures de style, champs lexicaux, etc.). Un bonne dizaine de lignes me semble nécessaire pour parvenir à un contenu solide.
Vous pouvez m'envoyer votre travail par mail mais pas de photos, s'il vous plaît.

Pour ceux que le sujet ou cette période historique intéresse, je vous renvoie à ce documentaire :


Vendredi 19 juin

Correction du travail à faire :

La fonction de cette affiche est de discréditer, de salir la réputation et la mémoire des condamnés. Il faut donc garder ce projet à l’esprit pour l’analyser.


Tout d’abord, c’est sans doute le choix des couleurs qui frappe au premier regard. Le noir est une couleur associée au deuil et au mal (par opposition au blanc). Quant au rouge, c’est la couleur du sang et du communisme, l’association des deux suggérant que les communistes sont violents et sèment le chaos. Je vous rappelle, au cas où vous l’auriez oublié que les nazis étaient en guerre contre l’URSS et le bolchevisme.


Ensuite,le triangle tourné vers le bas suggère un sens de lecture du haut vers le bas, symboliquement le sens d’une chute et non d’une ascension. Ce sens de lecture est confirmé par le texte. Une question est posée en haut de l’affiche (« Des libérateurs ? »), demandant si les résistants vont réellement libérer la France de l’oppression, du joug nazi. Passant par diverses photos, montrant les prétendues horreurs qu’ils ont commises, la réponse est fournie en bas : « La Libération par l’armée du crime ». Vous remarquerez au passage l’emploi de deux mots de la même famille : libérateur/libération (dérivation par suffixes). L’affiche fonctionne donc sur le principe question (phrase interrogative) /réponse (phrase exclamative); c’est une démonstration qui part du haut et finit en bas de l’affiche. La réponse apportée est ironique (antiphrase) : des criminels ne peuvent pas libérer un pays, ils sèment le désordre.


Autre aspect important du texte, les légendes sous les photos, assez révélatrices de l’idéologie raciste: on y mêle la religion (« juif »), l’origine étrangère (« polonais », « arménien »...) ou l’appartenance politique (« rouge »), comme si tout cela avait un quelconque sens qui expliquerait le comportement criminel des hommes arrêtés. Ce qui est sous-entendu, c’est qu’ils sont criminels parce qu’ils sont communistes, immigrés et juifs.


Remarquez également que les photos en médaillons (rondes) sont présentées de façon ordonnée, pour faire comprendre que ce réseau est très structuré et mène à un « chef de bande », Missak Manouchian. Cette organisation très rigoureuse engendre le chaos : les photos rectangulaires disposées un peu n’importe comment montrent que cette armée produit le chaos : assassinats, caches d’armes, déraillements.


J’ajoute que ces photos rondes rappellent des impacts de balles comme ceux qu’on trouve sur la cadavre en bas à gauche. J’ai également l’impression d’avoir sous les yeux un arbre généalogique… car le crime est dans leurs veines (⇒ idéologie raciste).


Certains d’entre vous trouveront que je vais chercher loin, mais c’est bien le propre d’une image de propagande de fonctionner par connotations, par allusions, parfois vagues mais assez puissantes pour influencer la population. Il est important de procéder à ce décodage pour comprendre pourquoi certaines images peuvent nous influencer sans qu’on sache bien toujours bien pourquoi...


A reporter dans le lexique :

connotation : cela désigne un sens secondaire, une suggestion, qui vient s’ajouter au sens premier, fondamental d’un mot.


Je vous donne à présent la dernière lettre que le "chef de bande", Manouchian, a adressée à sa compagne, Mélinée, quelques heures avant d'être exécuté. Je ne vous donne pas de travail, si ce n'est de lire cette lettre:

Ma Chère Mélinée, ma petite orpheline bien-aimée,

Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde. Nous allons être fusillés cet après-midi à 15 heures. Cela m'arrive comme un accident dans ma vie, je n'y crois pas mais pourtant je sais que je ne te verrai plus jamais. Que puis-je t'écrire ? Tout est confus en moi et bien clair en même temps.

Je m'étais engagé dans l'Armée de Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. Au moment de mourir, je proclame que je n'ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu'il méritera comme châtiment et comme récompense.

Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous... J'ai un regret profond de ne t'avoir pas rendue heureuse, j'aurais bien voulu avoir un enfant de toi, comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre, sans faute, et d'avoir un enfant pour mon bonheur, et pour accomplir ma dernière volonté, marie-toi avec quelqu'un qui puisse te rendre heureuse. Tous mes biens et toutes mes affaires je les lègue à toi à ta sœur et à mes neveux. Après la guerre tu pourras faire valoir ton droit de pension de guerre en tant que ma femme, car je meurs en soldat régulier de l'armée française de la libération.

Avec l'aide des amis qui voudront bien m'honorer, tu feras éditer mes poèmes et mes écrits qui valent d'être lus. Tu apporteras mes souvenirs si possible à mes parents en Arménie. Je mourrai avec mes 23 camarades tout à l'heure avec le courage et la sérénité d'un homme qui a la conscience bien tranquille, car personnellement, je n'ai fait de mal à personne et si je l'ai fait, je l'ai fait sans haine. Aujourd'hui, il y a du soleil. C'est en regardant le soleil et la belle nature que j'ai tant aimée que je dirai adieu à la vie et à vous tous, ma bien chère femme et mes bien chers amis. Je pardonne à tous ceux qui m'ont fait du mal ou qui ont voulu me faire du mal sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus. Je t'embrasse bien fort ainsi que ta sœur et tous les amis qui me connaissent de loin ou de près, je vous serre tous sur mon cœur. Adieu. Ton ami, ton camarade, ton mari.

Manouchian Michel.

P.S. J'ai quinze mille francs dans la valise de la rue de Plaisance. Si tu peux les prendre, rends mes dettes et donne le reste à Armène. M. M.


Pour ceux que le sujet intéresse, un film a été réalisé sur cette histoire, L'Armée du crime : https://www.youtube.com/watch?v=z1nPqNLwfYM
Bonne fin de semaine.

Michel Manouchian

Mardi 16 juin

Correction des exercices.
Exercices 1 p. 192
a. Il s'agit des verbes apprendre et sortir.
b. elle aura appris ==> elle apprendra
il est sorti ==> il sort
elle avait appris ==> elle apprenait
il était sorti ==> il sortait
elle a appris ==> elle apprend
il fut sorti ==> il sortit
elle eut appris ==> elle apprit
il sera sorti ==> il sortira

Exercice 9 p. 193
je disais : imparfait ==> j'avais dit (plus-que-parfait)
tu espères : présent ==> tu as espéré (passé composé)
elle reçut : passé simple ==> elle eut reçu (passé antérieur)
nous suivrons : futur ==> nous aurons suivi (futur antérieur)
vous conduisiez : imparfait ==> vous aviez conduit (plus-que-parfait)
ils atteignent : présent ==> ils ont atteint (passé composé)

Exercice 1 p. 194
1. ont fait : passé composé. L'action de ce verbe se produit avant "apprécie".
2. était né : plus-que-parfait. L'action de ce verbe se produit avant "nourrissait".
3. j'aurai donné : futur antérieur. L'action de ce verbe se produit avant "commencera".
4. eurent atteint : passé antérieur. L'action de ce verbe se produit avant "tombèrent".
Cet exercice confirme donc la première phrase du cours qui figure dans l'encadré de la page 194 : "Les quatre temps composés expriment généralement des faits qui se situent avant d'autres faits exprimés par un temps simple. Ils ont donc une valeur d'antériorité."


exercice 7 p. 195.
1. On racontait qu'un pirate avait enterré un trésor sous un arbre. C'est clairement une analepse : le récit étant au passé (imparfait), on a besoin du plus-que-parfait pour exprimer une action qui lui est encore antérieure.
2.Vous visionnerez mon film quand je l'aurai monté. Le futur antérieur se justifie ici pour désigner une action (le montage du film)envisagée à son terme (aspect accompli... relisez la leçon encadrée, page 194)
3.Il est inutile de m'expliquer, j'ai compris. Le contexte de phrase requiert ici le passé composé pour désigner une action récente "dont les conséquences se prolongent dans le présent".
4. Sam n'est pas chez lui, il a été retardé. Même cas de figure que la phrase 3... avec peut-être une petite difficulté sur la conjugaison du passé composé pour le verbe être ?

Cette leçon a son intérêt : elle permet de réviser beaucoup de temps et d'en comprendre les emplois. Apprenez-la.

Séance 5 : L'Affiche rouge

Nous allons à présent travailler sur un document iconographique, qui a fait l'objet d'un poème que nous étudierons plus tard. Commençons par l'image et son contexte.

Il s'agit d'une affiche de propagande allemande, pour ne pas dire nazie, largement placardée un peu partout en France. Un groupe de résistants, les MOI (Main-d’œuvre Immigrée), a été démantelé et ses 23 membres ont été exécutés au mont Valérien (souvenez-vous de Desnos, nous en avions déjà parlé) le 21 février 1944. Les photos des "terroristes" ont été prises juste avant leur exécution.
Cette affiche, vous l'avez compris, est en faveur de l'Allemagne nazie ; elle présente donc aux Français ces résistants comme d'affreux terroristes, communistes, immigrés, juifs... Elle fonctionne comme n'importe quelle affiche de publicité ou de propagande et, à cet égard, on peut l'analyser. Ma question est donc la suivante : comment cette affiche dénonce-t-elle les agissements du réseau des MOI ?
Pour répondre à cette question, vous serez attentifs :
- au sens de lecture (de bas en haut ? de gauche à droite ? etc.) et à sa symbolique ;
- à la structure de l'image (formes géométriques)
- au choix des photos (formes et contenus) ;
- au choix des couleurs et à leur signification ;
- au texte, etc.

Servez-vous aussi de vos connaissances historiques pour mettre en lumière l'idéologie véhiculée par cette affiche.

Bonne semaine...




Vendredi 12 juin

Correction du travail sur les temps composés. Ce n'est pas si simple de basculer du temps simple au temps composé. J'espère que vous vous en êtes sortis :

Temps simples

Temps composés

EXEMPLE :

Elles partent (présent de l'indicatif)


► Elles sont parties (passé composé)

Je mange

►j’ai mangé (passé composé)

►je pars (présent de l’ind.)

Je suis partie

► On suppliait (imparfait de l’ind.)

On avait supplié

Nous travaillâmes

►Nous eûmes travaillé (passé antérieur)

Ils mangèrent

►Ils eurent mangé (passé antérieur)

►Vous tromperez (futur simple de l’ind.)

Vous aurez trompé

►Je jouerai (futur simple de l’ind.)

J'aurai joué

► Je jouerais (présent du conditionnel)

J'aurais joué

Tu arrivais

►Tu étais arrivé(e) (plus-que-parfait de l’ind.)

Nous travaillions

► Nous avions travaillé (plus-que-parfait de l’ind.)

►Elles reconduiront (futur simple de l’ind.)

Elles auront reconduit

Elle mourra

►Elle sera morte (futur antérieur)

Nous courûmes

►Nous eûmes couru (passé antérieur)

►Elles donnèrent (passé simple)

Elles eurent donné

►Vous montez (présent de l’ind.)

Vous êtes montés

►que vous partiez (présent du subjonctif)

Que vous soyez parties

Qu'elles écrivent

►Qu’elles aient écrit (passé du subjonctif)

►Tu apprendrais (présent du conditionnel)

Tu aurais appris

►Que nous chantions (présent du subjonctif)

Que nous ayons chanté

Que vous finissiez

►que vous ayez fini (passé du subjonctif)

Passons aux exercices du manuel à faire pour mardi 16 juin:
Exercices 1 p. 192 et 9 p. 193.
Lire la leçon sur les emplois des temps composés, page 194. Exercices 1 p. 194 et 7 p. 195.
Bonne fin de semaine.


Mardi 9 juin

Correction des exercices :
Exercice 13 p. 303
1. Un écrin est une boîte, contenant un bijou, la plupart du temps. Si la mousse est cet écrin, le scarabée est le bijou en "or vivant". Il s'agit donc d'une métaphore.
2. Il s'agit d'une allégorie : la Mort est incarnée sous des traits humains.
3. Il y a deux comparaisons introduites chacune par "comme" puis "pareils à". Les nuages sont comparés à des taches d'encre et à des ballons. Pour compliquer le tout, le narrateur a recours à une personnification, puisque les nuages "couraient" puis "s'attaquèrent".
4. Il s'agit d'une périphrase ("le Roi des animaux" est une expression détournée, allongée pour désigner le lion), doublée d'une personnification.

Exercice 15 p. 304
1. L'antithèse porte sur les termes "sommet" et "profondeurs" (et moins nettement sur les verbes "s'élevait" / "disparaissait").
2. L'antithèse porte sur "se déchaina" et "s'apaisa".
3. Double antithèse ici : "brune"/"blond et "travailleuse"/"paresseux".
4. "ombre"/"lumière".

Exercice 25 p. 305
1. Bel alexandrin qui repose sur une antithèse : "vivant" / "mort".
2. Il s'agit d'une énumération (autrement appelée accumulation), puisque le narrateur fait une liste de noms de fleurs.
3. Faire "souffrir mille morts" est une hyperbole qui désigne la torture.
On s'étonnera aussi de l'expression paradoxale "faire avouer un crime qu'il n'avait pas commis" qui relève de l'antithèse ("crime" / "pas commis").
4. La litote consiste à laisser entendre davantage : "Ce garçon-ci n'est pas sot", signifie qu'il est intelligent. Quant à "je ne plains pas" veut dire "j'envie, je voudrais être à la place de" la soubrette qui pourra se marier avec lui.
5.C'est un oxymore, qui présente une contradiction logique "petite grande".
6. "L'âme lui fut ravie" est un euphémisme (.. et une périphrase) qui désigne le moment de mourir.

Je vous propose de réviser un peu de conjugaison. Il s'agit de réviser la moitié des temps. Rien que cela ! Vous aurez besoin du manuel Outils de la langue.

Les temps composés

Je reprends ici la leçon de la page 192 en la complétant.
Cela désigne les temps verbaux construits sur l'assemblage d'un auxiliaire (être et avoir) et d'un participe passé.
Comme vous le savez, la plupart des verbes se conjuguent avec l'auxiliaire avoir mais quelques verbes fonctionnent avec être (aller, arriver, mourir, naître, devenir, partir, venir, rester, etc.).

Voici le tableau avec les temps simples et les temps composés de l'indicatif :

Temps simple

Temps composé correspondant

voir

aller

Présent de l’indicatif

Passé composé

J’ai vu

nous avons vu

Je suis allé(e)

Nous sommes allé(e)s

Futur de l’indicatif

Futur antérieur

j’aurai vu

nous aurons vu

Je serai allé(e)

nous serons allé(e)s

Imparfait

Plus-que-parfait

j’avais vu

nous avions vu

j’étais allé(e)

nous étions allé(e)s

Passé simple

Passé antérieur

j’eus vu

nous eûmes vu

Je fus allé(e)

nous fûmes allé(e)s


Allons plus loin. Voici à présent le même tableau avec les temps du conditionnel (et je vous fais grâce du passé 2ème forme) :

Temps simple

Temps composé correspondant

voir

aller

Présent du conditionnel

Passé (1ère forme) du conditionnel

J'aurais vu

nous aurions vu

je serais allé(e)

nous serions allé(e)s


Le subjonctif (je laisse de côté l'imparfait et le plus-que-parfait) :

Temps simple

Temps composé correspondant

voir

aller

Présent du subjonctif

Passé du subjonctif

Que j’aie vu

que nous ayons vu

Que je sois allé(e)

Que nous soyons allé(e)s


Si vous jetez un oeil à un Bescherelle ou aux tables de conjugaison qui se trouvent à la fin du manuel (ou encore ici : https://www.toutelaconjugaison.com/conjugaison.html), vous constaterez qu'on place les temps simples et les temps composés les uns à côté des autres.

Voici un petit exercice d'assouplissement pour bien comprendre comment cela fonctionne. Après la flèche, conjuguez le verbe à la personne et au temps correspondants. Précisez à quel temps vous avez conjugué le verbe. Prenez votre temps, on s'emmêle vite les pinceaux :

Temps simples

Temps composés

EXEMPLE :

Elles partent (présent de l'indicatif)


► Elles sont parties (passé composé)

Je mange

Je suis partie

On avait supplié

Nous travaillâmes

Ils mangèrent

Vous aurez trompé

J'aurai joué

J'aurais joué

Tu arrivais

Nous travaillions

Elles auront reconduit

Elle mourra

Nous courûmes

Elles eurent donné

Vous êtes montés

Que vous soyez parties

Qu'elles écrivent

Tu aurais appris

Que nous ayons chanté

Que vous finissiez


Je vous recommande d'apprendre vos tableaux de conjugaison. Je vous donnerai d'autres exercices vendredi. Bonne semaine.







Vendredi 5 juin

Correction du travail à faire.
1. Il faut repartir de la notion d'engagement que nous avions abordée en séance 1. Je vous redonne ma définition (je vous avais demandé de construire la vôtre) : L’engagement est une conception de l’utilité des arts, selon laquelle ils servent à éveiller les consciences. Touché par une œuvre engagée, le public à qui elle s’adresse est censé changer d’opinion, réagir, prendre position en faveur d’une cause.
Tout d'abord, Hugo défend la République (il était lui-même député) contre toute forme de régime autoritaire aux mains d'un seul homme, un empereur, en l'occurrence. C'est donc un engagement politique qui le pousse à écrire et à fuir la France.
D'autre part, le poème ayant été écrit le 2 décembre 1852 (c'est précisé à la fin du poème), c'est-à-dire un an exactement après les événements qu'il raconte, son auteur a voulu marquer ce triste anniversaire, rappeler aux lecteurs de l'époque ce qui s'est passé en décembre 1851, et faire savoir aux citoyens qui l'ignorent que l'empereur Napoléon III est un tyran qui a du sang sur les mains. Le but est donc bien d'éveiller les consciences, de faire comprendre que le régime sous lequel vivent les Français à cette époque est marqué d'infamie, que des enfants sont morts pour que l'Empire vive.

2. C'est ici que la rhétorique entre en jeu. Plutôt que de dénoncer froidement les exactions de Napoléon III par des arguments logiques, Hugo va jouer sur la corde sensible, l'émotion, nous raconter une histoire, attendrir le lecteur sur la mort d'un enfant pour critiquer violemment l'empereur... Car rien n'émeut davantage que la violence faite à l'enfance, n'est-ce pas ?
Tout d'abord, le poète décrit crûment la réalité de cette mort, sans euphémisme, sans pudeur, pour en faire percevoir toute l'horreur : le premier vers est explicite ; puis viennent le crâne ouvert, les plaies béantes... tout cela a pour seul but de susciter l'indignation du lecteur qui imagine avec précision le corps sans vie d'un enfant de sept ans.
Ensuite, il y a l'évocation du monde de l'enfance, qui vise à attendrir le lecteur : l'allusion à "la toupie en buis", en particulier, puis l'évocation de l'école ("Ses maîtres, il allait à l'école, étaient contents"). On insiste aussi sur l'innocence de l'enfant, qui ne se mêle pas de politique (contrairement au Gavroche des Misérables qui, lui, prend part aux barricades de 1832).
Enfin, les douze derniers vers du poème sont en contraste avec le reste du poème : y est décrite la vie luxueuse menée par l'empereur, en décalage avec l'intérieur humble de la vieille femme. Cela passe notamment par l'énumération (ou accumulation) des richesses nécessaires au bonheur de l'empereur ("son jeu, sa table, son alcôve, / ses chasses").
Regardez d'ailleurs la structure du poème : avez-vous remarqué que les douze derniers vers sont séparés du reste du poème par un saut de ligne? Cela pourrait vous faire penser à La Fontaine, dont les fables racontent une histoire édifiante, avec une morale. Laquelle ici ? Pour le dire vite et comme Hugo, la morale serait que l'empereur est un tueur d'enfant. Il n'obtient ses richesses qu'au prix du massacres d'innocents. Le récit est bien au service d'une idée.

Épilogue de l'histoire. Hugo a quitté la France avec femme et maîtresse, dès que Napoléon III a pris le pouvoir. Il est allé se réfugier dans les îles anglo-normandes, les Channel Islands, comme disent les Anglais, Jersey puis Guernesey. Là-bas, il écrit les Misérables, discute avec les esprits en faisant tourner les tables et ne rentrera qu'en 1870, après l'abdication de Napoléon III. Il rentre à Paris, où il est acclamé. C'est le retour de la République.


Victor Hugo en exil à Guernesey.



Laissons Hugo de côté et reprenons le travail sur les figures de style. Je vous propose quelques exercices sur le manuel Outils de la langue, qui propose deux doubles-pages sur ce thème.
Exercice 13 page 303
Exercice 15 page 304
Exercice 25 page 305
Nous corrigerons mardi 9 juin. Portez-vous bien.






Mardi 2 juin


1. humble : modeste. La scène se déroule dans un intérieur ouvrier

farouche : sauvage, non domestiqué

aïeule : ascendante directe, âgée. Peut aussi désigner une ancêtre, selon le contexte. Ici, on voit bien qu'il s'agit d'une grand-mère.

Roide : raide. La mort retire la souplesse et l'articulation des membres.

Alcôve : chambre. Il faut de l'argent à Napoléon III, nous dit le poète, pour son alcôve. Il désigne donc ici des plaisirs tarifés pratiqués dans la chambre...

linceul : c'est le drap dans lequel on enterre les morts. Plus haut dans le poème, on parle d'un drap blanc.


2. Suite au Coup d'Etat de Napoléon III, Hugo raconte une scène dont il a été témoin : on amène à une vieille femme le corps de son petit-fils de sept ans, tué pendant les émeutes, alors que cet enfant jouait dans la rue.


3. Les premières figures de style notables se trouvent dans ces vers :


On pouvait mettre un doigt dans les trous de ses plaies.
Avez-vous vu saigner la mûre dans les haies ?
Son crâne était ouvert comme un bois qui se fend.


La mûre qui saigne est une personnification : le poète attribue une caractéristique animale ou humaine à un fruit par analogie de couleur (même si le jus de la mûre n'est pas exactement rouge). Ce fruit qui saigne est lui-même une métaphore de l'enfant aux plaies béantes.

La seconde image est une comparaison, encore une fois en lien avec le monde végétal : le crâne est rapproché d'une bûche fendue.

Petite remarque au passage. L'idée saugrenue de mettre un doigt dans la plaie d'un cadavre est une référence religieuse à saint Thomas qui, après la résurrection de Jésus-Christ, veut toucher pour croire !


L’Incrédulité de saint Thomas (détail), Le Caravage, 1603


Hugo est ce saint Thomas qui assiste lui aussi aux souffrances du peuple et cet enfant est donc comparé à Jésus-Christ. D'ailleurs, plus loin dans le poème, l'aïeule ne dit-elle pas de l'enfant qu'il était "bon et doux comme un Jésus", explicitant ainsi la comparaison...

Poursuivons :

Hélas ! ce que la mort touche de ses mains froides
Ne se réchauffe plus aux foyers d'ici-bas !

Vous aurez sans doute reconnu ici une allégorie. La mort est une notion assez abstraite que le poète représente sous des traits humains ("ses mains froides").
Il y a aussi une antithèse : "mains froides" et "réchauffe" s'opposent, car c'est ni plus ni moins le combat de la vie et de la mort qui est décrit dans ce poème, avec toutes ses déclinaisons possibles : chaud et froid, violence et douceur, vice et innocence...
L'opposition de la lumière et de l'obscurité est très nette, : "comme il est blanc ! approchez donc la lampe" (vers 13) s'oppose à "la nuit était lugubre" (vers 16). La tradition picturale du clair-obscur est ici sensible. Beaucoup de tableaux représentent des intérieurs sombres éclairés à la chandelle. Hugo a sans doute pensé au Caravage ou aux tableaux de Georges de la Tour.


Je m'en tiens là. Il y a d'autres figures de style, d'autres procédés que nous allons voir dans la seconde partie de séance. A cette fin, voici le travail pour vendredi 5/06:
1. En tenant compte du contexte social et politique, pourquoi Victor Hugo a-t-il écrit ce poème ? En d'autres termes, en quoi s'agit-il d'un texte engagé ?
Souvenez-vous de la définition de l'engagement que nous avions dégagée en début de séquence.
2. Comment Hugo met-il son poème, le récit de cet assassinat, au service de la cause qu'il défend ?
Pour répondre à cette seconde question, il faut analyser le poème, vous appuyer à nouveau sur les procédés, les figures de style, notamment la fin du poème.

A vous de jouer. Passez-y le temps nécessaire et une bonne semaine (je crains que ça ne soit encore un zeugma).


Vendredi 29 mai

Vous trouverez ci-joint, en PDF, la correction du tableau sur les figures de style que je vous avais donné mardi. N'hésitez pas à me poser des questions si quoi que ce soit vous échappe.

Poursuivons. Après Desnos, nous retrouvons le XIXème siècle.

Séance 4 : Souvenir de la nuit du 4

Lors de cette séance, nous allons réinvestir les notions de la séance 3 sur les figures de style.
Nous sommes en 1851 ; Victor Hugo est député de le IIème République. Louis-Napoléon Bonaparte (qui est le neveu de Napoléon Ier) fait un Coup d'Etat le 2 décembre (1851). S'ensuivent des émeutes sévèrement réprimées, le 3 et le 4 décembre, qui inspireront ce poème à Hugo :

Souvenir de la nuit du 4

L'enfant avait reçu deux balles dans la tête.
Le logis était propre, humble, paisible, honnête ;
On voyait un rameau bénit sur un portrait.
Une vieille grand-mère était là qui pleurait.
Nous le déshabillions en silence. Sa bouche,
Pâle, s'ouvrait ; la mort noyait son œil farouche ;
Ses bras pendants semblaient demander des appuis.
Il avait dans sa poche une toupie en buis.
On pouvait mettre un doigt dans les trous de ses plaies.
Avez-vous vu saigner la mûre dans les haies ?
Son crâne était ouvert comme un bois qui se fend.
L'aïeule regarda déshabiller l'enfant,
Disant : - comme il est blanc ! approchez donc la lampe.
Dieu ! ses pauvres cheveux sont collés sur sa tempe ! -
Et quand ce fut fini, le prit sur ses genoux.
La nuit était lugubre ; on entendait des coups
De fusil dans la rue où l'on en tuait d'autres.
- Il faut ensevelir l'enfant, dirent les nôtres.
Et l'on prit un drap blanc dans l'armoire en noyer.
L'aïeule cependant l'approchait du foyer
Comme pour réchauffer ses membres déjà roides.
Hélas ! ce que la mort touche de ses mains froides
Ne se réchauffe plus aux foyers d'ici-bas !
Elle pencha la tête et lui tira ses bas,
Et dans ses vieilles mains prit les pieds du cadavre.
- Est-ce que ce n'est pas une chose qui navre !
Cria-t-elle ; monsieur, il n'avait pas huit ans !
Ses maîtres, il allait en classe, étaient contents.
Monsieur, quand il fallait que je fisse une lettre,
C'est lui qui l'écrivait. Est-ce qu'on va se mettre
A tuer les enfants maintenant ? Ah ! mon Dieu !
On est donc des brigands ! Je vous demande un peu,
Il jouait ce matin, là, devant la fenêtre !
Dire qu'ils m'ont tué ce pauvre petit être !
Il passait dans la rue, ils ont tiré dessus.
Monsieur, il était bon et doux comme un Jésus.
Moi je suis vieille, il est tout simple que je parte ;
Cela n'aurait rien fait à monsieur Bonaparte
De me tuer au lieu de tuer mon enfant ! -
Elle s'interrompit, les sanglots l'étouffant,
Puis elle dit, et tous pleuraient près de l'aïeule :
- Que vais-je devenir à présent toute seule ?
Expliquez-moi cela, vous autres, aujourd'hui.
Hélas ! je n'avais plus de sa mère que lui.
Pourquoi l'a-t-on tué ? Je veux qu'on me l'explique.
L'enfant n'a pas crié vive la République. -
Nous nous taisions, debout et graves, chapeau bas,
Tremblant devant ce deuil qu'on ne console pas.

Vous ne compreniez point, mère, la politique.
Monsieur Napoléon, c'est son nom authentique,
Est pauvre, et même prince ; il aime les palais ;
Il lui convient d'avoir des chevaux, des valets,
De l'argent pour son jeu, sa table, son alcôve,
Ses chasses ; par la même occasion, il sauve
La famille, l'église et la société ;
Il veut avoir Saint-Cloud, plein de roses l'été,
Où viendront l'adorer les préfets et les maires ;
C'est pour cela qu'il faut que les vieilles grand-mères,
De leurs pauvres doigts gris que fait trembler le temps,
Cousent dans le linceul des enfants de sept ans.

2 décembre 1852. Jersey.

Comme vous pouvez le constater, Hugo a écrit ce poème un an exactement après le Coup d'Etat de Napoléon III. Il refuse de vivre dans un pays dirigé par un dictateur et trouve refuge à Jersey (une île anglo-normande, située entre l'Angleterre et la France).




Napoléon III peint par Hippolyte Flandrin en 1861.


Questions
1. Vocabulaire. Vous chercherez le sens des mots soulignés, s'il vous échappe.
2. Que raconte Victor Hugo ? Résumez-en l'intrigue en moins de cinq lignes.
3. Relevez les figures de style utilisées dans ce poème. Expliquez-en le sens et l'effet produit.

Pour cette question 3, servez-vous du tableau en PDF sur les figures de style. Vous ne pourrez pas les relever toutes (il y en a beaucoup), mais prenez le temps de vous demander pourquoi le poète les a utilisées.
Rendez-vous le mardi 2 juin. Bon week-end de trois jours.



Souvenir de la nuit du 4, Pierre Langlois.


















Posted by fourmont

Samedi 21 mars

. Récapitulatif de la situation.

Pour commencer le travail sur netboard, je commence par un rappel du travail interrompu.


En AP, nous avons commencé à réviser l'accord des participes passés. Voici le travail que je vous avais transmis sur l'ENT, au cas où vous seriez passés au travers :

1. a. Il faut tout d'abord s'entendre sur ce qu'est un participe passé. J'ai trouvé cette liste, que je vous recommande de connaître, c'est très utile :

https://latouchefrancaise.files.wordpress.com/2014/04/lista-de-participios.jpg

b. Pour les verbes du premier groupe, il y a un risque de confusion avec l'infinitif (-é/-er). Je vous renvoie à la leçon et à l'exercice du "Français facile" suivants :

https://www.francaisfacile.com/exercices/exercice-francais-2/exercice-francais-57403.php

2.Ensuite, je vous rappelle les règles d'accord. Vous pouvez les imprimer, les copier, les coller à la fin de votre cahier de français...

Règles d'accord du participe passé (I)

a. Le participe passé employé sans auxiliaire s'accorde systématiquement avec le nom auquel il se rapporte.

Exemple : La voiture cassée

b. Le participe passé employé avec "être" s'accorde avec le sujet.

Exemple : Les trois petits cochons sont partis de chez eux.

c. Le participe passé employé avec "avoir" s'accorde avec le COD quand celui-ci est placé avant l'auxiliaire.

Exemple : Les pommes qu'ils ont mangées étaient rouges.

Remarque

Dans les constructions qui comprennent à la fois "être" et "avoir", par exemple "a été", c'est l'auxiliaire "être" qu'il faut prendre en compte, ce qui signifie qu'on accorde le participe passé avec le sujet.

Exemple : Les pommes ont été mangées.


==> Comprenez et apprenez ces règles ; vous pouvez ensuite vous exercer sur l'excellent site canadien CCDMD, dont voici le lien :

https://www.ccdmd.qc.ca/fr/exercices_interactifs/?id=1030&action=animer

​Un autre exercice :

https://www.francaisfacile.com/exercices/exercice-francais-2/exercice-francais-1892.php

Pour finir, je vous donne un exercice de réécriture. Réécrivez ce texte au passé composé :

Ma soeur s'installe devant la télévision. Elle s'endort rapidement. Maman s'assied à côté d'elle. A la fin du film, ma sœur se réveille. Elle et maman montent se coucher.

​Correction

Ma soeur s'est installée devant la télévision. Elle s'est endormie rapidement. Maman s'est assise à côté d'elle. A la fin du film, ma sœur s'est réveillée. Elle et maman sont montées se coucher.


Lundi 23 mars

Nous allons profiter de ce confinement pour réviser la grammaire de phrase. Je vais repartir du début. Il y aura quelques définitions à connaître, n'hésitez pas à me poser des questions si vous ne comprenez pas. Je vous invite à copier dans le cahier ou à imprimer ce cours, à le travailler et à en apprendre les idées importantes. Je vous ferai une synthèse, si vous voulez.

I. RAPPELS

1. Phrase verbale / non-verbale

Une phrase verbale est toujours organisée autour d'un ou plusieurs verbes conjugués.

Exemple : Nous révisons des notions de grammaire.

La phrase non-verbale est souvent construite autour d'un nom. On trouve des phrases nominales dans certaines questions ou exclamations, des titres ou encore des slogans publicitaire ou politiques.

Exemples : Voici une belle histoire. Quelle histoire ! Quelle histoire ?


2. La proposition

On appelle proposition un groupe de mots comprenant un verbe conjugué. Une phrase contient donc autant de propositions que de verbes conjugués.

Exemple : [Il mange] [et s’endort.]

prop.1 prop. 2


3. La phrase simple et la phrase complexe

Une phrase simple ne contient qu’un verbe conjugué (...cette phrase constitue en même temps une proposition).

Exemple : [J’ai toujours aimé le bruit de la mer dans les coquillages.] ==> c'est une phrase simple parce qu'il n'y a qu'un verbe : aimer au passé composé.

Une phrase complexe se compose d’au moins deux propositions (il y a donc au moins deux verbes conjugués)

Exemple : [Je regarde la télé en mangeant des chips] [et je m’endors vers deux ou trois heures du matin sans me soucier du

lendemain matin]

Cette phrase comprend deux verbes conjugués, donc deux propositions.

Je m'arrête là pour ce matin. Je vous laisse avec un exercice à faire pour demain. La correction est à la fin.
Consigne : découpez entre crochets les phrases suivantes en propositions. Précisez s'il s'agit de phrases non-verbales, simples ou complexes.
Je vous conseille de commencer par souligner les verbes conjugués.

Tout a commencé quand elle avait 13 ans. La jeune fille vit avec sa mère dans un petit appartement lugubre de Vienne. Un jour, l'appartement situé sur le même palier se libère. Des travaux sont entrepris, tout est rénové, modifié, embelli. On dit qu'un écrivain de renom a pris ses quartiers ici. Choc de deux mondes, de deux cultures.
Il a suffi d'un regard, d'une parole échangée dans le hall d'entrée entre cette à peine adolescente et cet homme de 25 ans. A partir de là, sa destinée est scellée et toutes les explications invoquées par la logique sont vaines. Les coups de foudre viennent du ciel.
(Extrait d'un article critique du Monde portant sur la Lettre d'une inconnue de Stefan Zweig, dont voici le lien : https://www.lemonde.fr/livres/article/2009/07/16/lettre-d-une-inconnue-de-stefan-zweig_1219309_3260.html)


Correction
[Tout a commencé] [quand elle avait 13 ans.] Phrase complexe
[La jeune fille vit avec sa mère dans un petit appartement lugubre de Vienne.] Phrase simple
[Un jour, l'appartement situé sur le même palier se libère.] Phrase simple
[Des travaux sont entrepris, tout est rénové, modifié, embelli.] Phrase complexe
[ On dit ][qu'un écrivain de renom a pris ses quartiers ici.] Phrase complexe
[ Choc de deux mondes, de deux cultures.] Phrase non-verbale
[Il a suffi d'un regard, d'une parole échangée dans le hall d'entrée entre cette à peine adolescente et cet homme de 25 ans.] Phrase simple
[ A partir de là, sa destinée est scellée et toutes les explications invoquées par la logique sont vaines.] Phrase complexe
[ Les coups de foudre viennent du ciel.] phrase simple

Mardi 24 mars

4. Les propositions indépendantes
Quand deux propositions sont juxtaposées ou coordonnées, on dit qu'elles sont indépendantes.
Il faut donc définir la juxtaposition et la coordination
==> Quand deux propositions sont reliées par une conjonction de coordination (mais, ou, et, donc, or, ni, car) ou un adverbe de liaison (puis, alors...), on dit qu'elles sont coordonnées... et donc indépendantes l'une de l'autre.
Ex. : [Les enfants lisent une livre] [puis s'endorment vers 22heures.]
prop. indép. prop. indép.

==> Quand deux propositions sont reliées par un signe de ponctuation (, ; :), elles sont juxtaposées et donc indépendantes.
Ex. [Pour Louane, c'est un grand risque], [elle perd la garde de sa fille.]
prop. indép. prop. indép.

Exercice. Juxtaposition ou coordination ?
1. Les jonquilles fleurissent ; c’est déjà le printemps !
2. La crue du Nil est fréquente mais elle est essentielle pour l’agriculture de l’Égypte
3. Les températures du climat équatorial sont toujours chaudes, celles du climat polaire sont toujours très froides.
4. Le vent se souffle fort et les branches commencent à se casser.
5. Loïc n’a plus de sous mais il veut acheter des bonbons.

Correction
1. juxtaposition (;)
2. coordination (mais)
3. juxtaposition (,)
4. coordination (et)
5. coordination (mais)


Vendredi 27 mars

La subordination

Copiez la suite du cours dans le cahier :
Nous avons revu les propositions indépendantes (+juxtaposition et coordination).
Une proposition subordonnée dépend d'une autre proposition, elle n'est donc pas indépendante. On la reconnaît au fait, qu'elle est introduite par :
- un pronom relatif : qui, que, quoi, dont, où, lequel et ses composés (laquelle, lesquels, duquel, auxquels, etc.)
- une conjonction de subordination : si, comme, quand, que et ses locutions (bien que, alors que, lorsque, depuis que...)
Ces deux listes sont à savoir par coeur.
La proposition subordonnée dépend d'une proposition qu'on appelle principale.
Ex. : [Je veux] [qu'il m'appelle plus souvent.]
prop. princ. prop. subord.

Je vous invite à commencer à vous exercer avec ceci :

Ensuite, poursuivez avec cela :
Copiez les phrases, découpez en propositions et précisez pour chacune si elle est indépendante, principale ou subordonnée. Reliez chaque subordonnée à la principale qu'elle complète.

1. Nous lui avons suggéré de venir avec nous pour ne pas perdre de temps avec des histoires sans intérêt.

2. Afin que tout le monde soit au courant de notre relation, nous avons décidé d’en parler dans les journaux.

3. Avant de prendre des mesures graves, nous aimerions vous entretenir de ce qui s’est passé.

4. J’entends du bruit derrière la porte, j’ouvre et constate les dégâts : une voiture brûle dans mon jardin.

5. Je n’aime pas qu’on me prenne pour ce que je ne suis pas : un imbécile.

6. Je souhaite aller à la ferme dont tu m’as parlé ; il paraît qu’on y trouve des œufs frais.


Mardi 31 mars

Correction

1. Nous lui avons suggéré de venir avec nous pour ne pas perdre de temps avec des histoires sans intérêt. = phrase simple (= proposition indépendante)

2. [Afin que tout le monde soit au courant de notre relation,] = proposition subordonnée

[ nous avons décidé d’en parler dans les journaux.] = proposition principale

3. [Avant de prendre des mesures graves, nous aimerions vous entretenir de ce] = proposition principale

[qui s’est passé.] = proposition subordonnée

4. [J’entends du bruit derrière la porte,]

[ j’ouvre]

[ et constate les dégâts :]

[ une voiture brûle dans mon jardin.]

Les quatre propositions de cette phrase sont indépendantes.

5. [Je n’aime pas] = proposition principale

[ qu’on me prenne pour ce] = proposition subordonnée (dépend de la première)

[ que je ne suis pas : un imbécile.] = proposition subordonnée (dépend de la deuxième)

6. [Je souhaite aller à la ferme] = proposition principale

[ dont tu m’as parlé] = proposition subordonnée (dépend de la première)

[il paraît] = proposition principale

[ qu’on y trouve des œufs frais.] = proposition subordonnée (dépend de la troisième)


Un autre exercice en ligne sur la distinction entre coordination, juxtaposition et subordination :

https://www.francaisfacile.com/exercices/exercice-francais-2/exercice-francais-73656.php


Allons plus loin dans la subordination , puisque nous y sommes. Nous allons donc voir les différentes propositions subordonnées :

1. La proposition subordonnée relative est introduite par un pronom relatif (qui, que, quoi, dont, où, lequel et ses composés). Elle complète un nom. Sa fonction est d'être complément de l'antécédent (= de ce nom qu'elle complète).

Exemple : La pièce de théâtre [que j'ai lue] m'a beaucoup plu.

La proposition entre crochets est une proposition subordonnée relative. Elle est complément de l'antécédent "pièce". Cela signifie que le pronom "que" reprend le mot "pièce" (j'ai lu quoi ? la pièce)

Dans le texte suivant, relevez les Propositions subordonnées relatives en précisant leur fonction (complément de l'antécédent...) :

Le pâtissier apporta, lui-même, au dessert, une pièce montée qui fit pousser des cris. A la base, d’abord, c’était un carré de carton bleu figurant un temple dans lequel on pouvait apercevoir des statuettes de sucre ; puis se tenait au second étage un donjon en gâteau de Savoie, entouré de menues fortifications en angélique, amandes, raisins secs, quartiers d’oranges ; et enfin, sur la plate-forme supérieure, qui était une prairie verte où il y avait des rochers avec des lacs de confiture et des bateaux en écales de noisettes, on voyait un petit Amour, se balançant à une escarpolette de chocolat, dont les deux poteaux étaient terminés par deux boutons de rose naturels, au sommet.

D’après Gustave Flaubert, Madame Bovary, 1857

A jeudi...

Jeudi 2 avril

Correction du travail donné mardi :
qui fit pousser des cris : PSR, complément de l'antécédent "pièce" (qu'est-ce qui fit pousser des cris ? "une pièce montée")
dans lequel on pouvait apercevoir des statuettes de sucre : PSR, complément de l'antécédent "temple"
qui était une prairie verte : PSR, complément de l'antécédent "plate-forme"
où il y avait des rochers avec des lacs de confiture et des bateaux en écales de noisettes : PSR, complément de l'antécédent "prairie" (eh oui, l'antécédent de cette relative se trouve dans la PSR précédente)
dont les deux poteaux étaient terminés par deux boutons de rose naturels, au sommet. : PSR, complément de l'antécédent "escarpolette".

Des questions ?

Je continue le cours :

1. la proposition subordonnée relative (voir ci-dessus)
2. La proposition subordonnée conjonctive
C'est une proposition introduite par une conjonction de subordination (si, comme, quand, que et ses locution : alors que, bien que, lorsque, etc.)
a. La proposition subordonnée conjonctive complétive
Pour simplifier, c'est une proposition en fonction COD :
Ex. J'espère [qu'il sera là.]
La proposition entre crochets est introduite par "qu" ; elle est donc conjonctive.
Elle complète le verbe "espère" et est COD.

b. La proposition subordonnée conjonctive circonstancielle
Il s'agit d'un complément circonstanciel mais à la différence de ceux que vous avez appris en 6ème, celui-là contient un verbe conjugué (puisque c'est une proposition).
Ex. : [Depuis que tu es arrivée,] il ne sait plus ce qu'il dit.
La proposition entre crochets est une proposition subordonnée conjonctive circonstancielle de temps.

Demain, je détaillerai les différents types de circonstancielles. Mais voici un bon petit exercice du "Français facile" où vous devez distinguer les relatives, les complétives et les circonstancielles :

Lundi 21 avril

Nous terminons l’étude des circonstancielles avec le manuel Etude de la langue. Les différentes circonstancielles sont traitées aux pages 104 à 115. Le sujet est vaste et sera traité en deux fois. Par souci de synthèse, j’aborde aujourd'hui le temps, la cause/conséquence et le but, résumés dans le tableau suivant, à coller dans le cahier :


Circonstances

Exemples de conjonctions de subordination utilisées

Exemples

Temps (p. 104-105)

Quand, avant que, après que, dès que, en même temps que, pendant que...

[Depuis qu’il fait du sport], il a perdu du poids.

Cause (p. 106-107)

Parce que, puisque, étant donné que, vu que...

Tu n’auras pas de dessert [puisque tu n’as pas terminé ton assiette.]

Conséquence (p. 106-107)

De telle sorte que, au point que, tellement/si… que

Elle a tellement dormi [qu’elle est arrivée en retard au travail.]

But (p. 108-109)

Pour que, afin que...

Nous avons organisé cette kermesse [pour que les enfants soient contents.]


Remarques

1. Dans les propositions subordonnées circonstancielles de temps, on n’utilise pas le même mode verbal, selon que l’action de la principale se déroule avant ou après celle de la subordonnée. Avec « avant que », on emploie le subjonctif (action incertaine, non réalisée) ; mais on opte pour l’indicatif avec « après que » (action certaine, déjà effectuée) :

Exemples :Avant que tu ne viennes (subjonctif), je voudrais vérifier les horaires de train.

Après que le bateau fut sorti (indicatif) du port, la tempête s’éleva.


2. La cause et la conséquence sont les deux faces d’une même pièce : les deux actions sont complémentaires et réversibles. Une phrase qui contient une cause peut être transformée en phrase contenant une conséquence.

Exemple : Il a décidé de mettre son imperméable [parce qu’il risque de pleuvoir. ] Cette phrase contient une prop. sub. circ. de cause.

⇒ Il risque de pleuvoir [de sorte qu’il a décidé de mettre son imperméable] Cette phrase exprime la même action que précédemment, mais la principale est devenue une prop. sub. circ. de conséquence


3. Vous remarquerez que l’exemple que je donne dans le tableau pour la conséquence présente une particularité : les deux mots de la locution conjonctive (tellement… que) sont séparés. On parle de structure corrélative.

Autre exemple : Il a si bien travaillé [qu'il a été récompensé.] (structure si... que)


Prenez le temps de lire et de comprendre tout cela avant de faire les exercices.

Voici quelques exercices du manuel portant sur cette leçon :

- Temps : N°1 p. 104 et 4 p. 105

- Cause / conséquence : N°2 p. 106-107

- But : N°1 p. 108


Vendredi 24 avril


Correction

N°1 p. 104

1. Quand/Dès que la nuit tombe, on entend hululer la chouette.

2. A chaque fois qu’ils se rencontrent, ils évoquent des souvenirs.

3. Après que les douze coups de minuit ont retenti, tout s’éteint.

4. L’entraîneur fait les dernières recommandations avant que les épreuves ne débutent.

5. Elle a explosé de joie quand elle a lu le message.

Remarque : Pour transformer la partie soulignée dans l’exercice, il fallait ajouter une conjonction de subordination (exprimant le temps, bien sûr) et un verbe conjugué. J’ai surligné la conjonction de subordination dans la correction.


N°4 p. 105

a. 1. Nous ne répondons jamais au téléphone pendant le dîner. Groupe prépositionnel GN

2. En arrivant au collège, j’ai constaté que les grilles étaient fermées. Gérondif : je rappelle qu’il s’agit d’un participe présent (verbe en -ant) précédé de en

3. Après avoir fermé la porte, il partit et on ne le revit plus. Groupe prépositionnel Verbe à l’infinitif.

b. 1. Nous ne répondons jamais au téléphone pendant que nous dînons.

2. Quand je suis arrivé au collège, j’ai constaté que les grilles étaient fermées.

3. Quand / après qu’il eut fermé la porte, il partit et on ne le revit plus.


N°2 p. 106-107

Cause :

1. parce qu’ils ont beaucoup d’enfants

4. comme elle était émue

Conséquence :

2. si […] qu’ils ont été invités à le produire à nouveau

3. de sorte qu’on respira dans le quartier


N°1 p. 108

1. Apportez des chaises pour que tout le monde puisse s’asseoir.


2. Afin que le village ait de l’eau, un puits sera construit.


3. Harpagon enterre son or, de peur que quelqu’un ne le lui dérobe.


4. La rue a été coupée à la circulation, de façon que la brocante s’y déroule dans de bonnes conditions.



Cours

Nous terminons l’étude des circonstancielles en nous concentrons sur la comparaison, l’opposition, la concession et la condition. Comme précédemment, j’ai tâché d’élaguer au maximum :


Circonstances

Exemples de conjonctions de subordination utilisées

Exemples

Comparaison

Comme, ainsi que, de même que, etc.

Je travaille davantage que tu ne le croies.

Opposition

Alors que, quand, tandis que, etc.

Il joue dans le jardin quand son frère fait la vaisselle.

Concession

Bien que, alors que, même si, etc.

Même si tu achètes ton billet en avance, il te coûtera de toute façon très cher.

Condition / Hypothèse

Si, en admettant que, à condition que, pourvu que, etc.

Je finirai la course à condition que le moteur tienne bon.


Remarques

1. Le verbe de la subordonnée n’est pas toujours exprimé ; il peut être sous-entendu. C’est à ma connaissance le seul cas de proposition subordonnée circonstancielle sans verbe exprimé.

Ex. : Je suis plus fort [que toi]. (=que tu ne l’es)


2. La distinction entre opposition et concession est subtile : dans le premier cas, on se contente de constater une contradiction. Dans le second cas, l’apparente contradiction des deux actions n’empêche pas leur cohabitation.

Ex. : Bien qu’il travaille dur à la maison, il ne réussit pas ses contrôles. (concession)

Il travaille très dur alors que sa sœur n’ouvre jamais son sac de cours. (opposition)



Exercices

N°1 p. 110

N°1 p. 112 et N°5 p. 113

N°1 p. 114


Tout cela pris séparément n’est pas très difficile ; en revanche, maîtriser tout cela à la fois pose davantage problème. Je vous proposerai un exercice de synthèse mardi prochain.

Bonne fin de semaine.


Mardi 28 avril

Correction des exercices
N°1 p. 110
1. comme un chien se jette sur ses croquettes
2. ainsi qu'elle l'avait promis
3. comme on fait son lit
4. autrement que tu ne fais.

N°1 p. 112
Opposition :
3. tandis que dans le tien il n'y en a pas.
4. alors que mon mari est grand et fort.
Concession :
1. bien qu'ils soient jumeaux
2. quoique la soirée fût agréable

N°5 p. 113
1. Ils sont partis [alors que le risque d'avalanche est élevé.]
2. Deux élèves ont quitté le collège [sans qu'on les remarque.] (Remarque : à mon sens il s'agit plutôt ici d'un CC de Manière que d'une opposition ou d'une concession)
3. J'irai jusqu'au bout de ma décision, [bien que mes amis pourraient me le reprocher.]

N°1 p. 114
1. si tu venais en vacances avec moi
2. Pas de condition dans cette phrase : la fin de la phrase ("si son exposition aurait du succès") n'exprime pas une condition. Il s'agit d'une interrogative indirecte (discours indirect dans les paroles rapportées... à retrouver au début du cahier)
3. pourvu que le temps soit beau
4. Pas de condition : "pour qu'on t'entende" exprime le but.

N'hésitez pas à me poser des questions sur cette correction.
Comme prévu, je finis par une auto-évaluation sur les circonstancielles. Relisez le cours de la semaine dernière avant de vous lancer dans ces deux exercices. A faire pour vendredi 1er mai :

Exercice 1. Faites des phrases complexes contenant
a. une proposition subordonnée circonstancielle de cause
b. une proposition subordonnée circonstancielle de conséquence.
1.Les rivalités ethniques n'ont jamais été aussi fortes. La guerre paraît inévitable. 2. La longévité s'est accrue dans les sociétés industrialisées. La médecine a fait des progrès considérables. 3.La criminalité a baissé à New-York. Le nouveau maire pratique la « tolérance-zéro ». 4.Certains pays ne respectent pas la loi en matière d'énergie atomique. Le sol est jonché de matériaux radio-actifs.

Exercice 2. Relevez les propositions subordonnées circonstancielles sur votre copie. Dites quelle circonstancielle elles expriment (temps, condition, cause, but, conséquence, opposition, concession, comparaison)
1. En admettant que les autorités le permettent, nous pourrons peut-être partir en vacances 2. Comme il fait chaud je rentre à la maison. 3. Je travaille bien pour avoir un bon niveau. 4. Dès que le professeur entre, les élèves se mettent debout. 5. Je vais jouer au tennis avant qu'il ne fasse nuit 6. Elle a agi exactement comme nous le lui avions ordonné. 7. Afin qu'il soit à l'aise je l'installerai près du maire. 8. Nous étions si fatigués que nous nous sommes couchés dès que nous sommes rentrés. 9. Bien qu'ils tremblent de froid, les techniciens continuent de réparer le réseau électrique. 10. La leçon d'aujourd'hui est tellement facile que je l'ai comprise. 11. Je me dépêche parce que je crains d'être en retard.

Vendredi, nous corrigerons cela et je ferai le point avec vous sur la concordance des temps ; il sera donc question de conjugaison.

Vendredi 1er mai

Correction des exercices
Exercice 1.
Cause : 1. La guerre paraît inévitable parce que les rivalités ethniques n'ont jamais été aussi fortes. 2. La longévité s'est accrue dans les sociétés industrialisées vu que la médecine a fait des progrès considérables. 3.La criminalité a baissé à New-York étant donné que le nouveau maire pratique la « tolérance-zéro ». 4. Puisque certains pays ne respectent pas la loi en matière d'énergie atomique, le sol est jonché de matériaux radio-actifs.
Conséquence : 1. Les rivalités ethniques n'ont jamais été aussi fortes, de sorte que la guerre paraît inévitable. 2. La médecine a fait des progrès tellement considérables que la longévité s'est accrue dans les sociétés industrialisées. 3. Le nouveau maitre pratique la "tolérance-zéro", de sorte que la criminalité a baissé à New-York. 4. Certains pays ne respectent pas la loi en matière d'énergie atomique, si bien que le sol est jonché de matériaux radio-actifs.

Exercice 2.
1. En admettant que les autorités le permettent : condition
2. Comme il fait chaud : cause
3. pour avoir un bon niveau : but (pas de proposition subordonnée ici)
4. Dès que le professeur entre : temps
5. avant qu'il ne fasse nuit : temps
6. comme nous le lui avions ordonné : comparaison
7. Afin qu'il soit à l'aise : but
8. si [...] que nous nous sommes couchés : conséquence
dès que nous sommes rentrés : temps (deux propositions dans cette phrase)
9. Bien qu'ils tremblent de froid : concession
10. que je l'ai comprise : conséquence
11. parce que je crains d'être en retard : cause



La concordance des temps

Comme je vous l'avais annoncé, nous allons travailler à présent la concordance des temps, en particulier avec les propositions subordonnées circonstancielles de condition. Cela va nous permettre de réviser succinctement la conjugaison de temps courants.

Faites l'exercice suivant et précisez quel temps vous avez utilisé. C'est le temps utilisé dans la proposition subordonnée qui commandera le choix de celui de la proposition principale :


1. Si elle était partie plus tôt, elle ______________________ (arriver) à l'heure.
Temps que vous avez utilisé :
2. Si le chien aboyait, je _____________________ (sortir).
Temps utilisé :
3. Si je pouvais, je ______________________ (passer) chez toi.
Temps utilisé :
4. Si Laurent avait le temps, il nous _________________________(envoyer) un message.
Temps utilisé :
5. Si Vincent avait fait attention, il ________________________________ (ne pas faire) d'erreur.
Temps utilisé :
6. Si tu avais eu de l'argent, tu ____________________________ (prendre) un gros gâteau.
Temps utilisé :
7. Si vous aviez écouté le cours, vous _________________________________(savoir) votre leçon.
Temps utilisé :
8. Si Alan avait su, il __________________________________(acheter) 2 paires de bretelles.
Temps utilisé :
9. Si la neige tombait, je ____________________________________ (rester) couchée bien au chaud.
Temps utilisé :
10. Si elle avait pu, Sylvie __________________________________ (partir) en Australie.
11. Si Matthieu veut acheter des cartes Pokemionches, il ________________ (devoir) avoir assez d'argent.

A partir de vos réponse à cet exercice, vous pouvez faire le cours vous-mêmes !
1. Quand le verbe de la proposition subordonnée est au présent de l'indicatif, le verbe de la principale sera au ____________________.
2. Quand le verbe de la proposition subordonnée est à l'imparfait de l'indicatif, le verbe de la principale sera au ________________________.
3. Quand le verbe de la proposition subordonnée est au plus-que-parfait de l"indicatif, le verbe de la principale sera au _________________________.

C'est vous qui complétez le cours, mais nous corrigerons quand même mardi prochain.
Un dernier point avant de vous laisser profiter de ce long week-end : n'oubliez pas que LES "SI" N'AIMENT PAS LES "RAIS" !!!
Exemples :
Si j'irais à l'école, je prendrais le bus. ==> Si j'allais à l'école...
Si j''aurais su, j'aurais pas venu. ==> Si j'avais su, je ne serais pas venu.

Mardi 5 mai
Correction des exercices.
1. Si elle était partie plus tôt, elle serait arrivée à l'heure.
Temps que vous avez utilisé : conditionnel passé
2. Si le chien aboyait, je sortirais.
Temps utilisé : conditionnel présent
3. Si je pouvais, je passerais chez toi.
Temps utilisé : conditionnel présent
4. Si Laurent avait le temps, il nous enverrait un message.
Temps utilisé : conditionnel présent
5. Si Vincent avait fait attention, il n'aurait pas fait d'erreur.
Temps utilisé : conditionnel passé
6. Si tu avais eu de l'argent, tu prendrais un gros gâteau.
Temps utilisé : conditionnel présent
7. Si vous aviez écouté le cours, vous sauriez / auriez su votre leçon.
Temps utilisé : conditionnel présent ou passé (selon ce que vous voulez dire)
8. Si Alan avait su, il aurait acheté 2 paires de bretelles.
Temps utilisé : conditionnel passé
9. Si la neige tombait, je resterais couchée bien au chaud.
Temps utilisé : conditionnel présent
10. Si elle avait pu, Sylvie serait partie en Australie.
Temps utilisé : conditionnel passé
11. Si Matthieu veut acheter des cartes Pokemionches, il devra / doit avoir assez d'argent.
Temps utilisé : futur / présent de l'indicatif
Remarquez qu'à la place du conditionnel passé 1ère forme, j'aurais pu opter pour la seconde forme ("vous eussiez su votre leçon" / "Sylvie fût partie en Australie").

A retenir :
1. Quand le verbe de la proposition subordonnée est au présent de l'indicatif, le verbe de la principale sera au futur de l'indicatif (et parfois au présent).
2. Quand le verbe de la proposition subordonnée est à l'imparfait de l'indicatif, le verbe de la principale sera au conditionnel présent.
3. Quand le verbe de la proposition subordonnée est au plus-que-parfait de l"indicatif, le verbe de la principale sera au conditionnel passé (parfois présent).

Vous pouvez vous exercer avec cet exercice :




Pour continuer à travailler l'orthographe, je vous donne le texte d'une petite dictée ci-dessous, à faire chez vous. Si vous n'avez personne pour la faire avec vous, voici un lien Youtube qui vous permettra de la faire seul :

Texte de la dictée :
Comme presque chaque soir depuis le commencement de ce voyage, je suis couché sur le pont du navire, enveloppé dans ma vieille couverture de cheval, et je regarde les étoiles. Le vent de la mer qui siffle dans le gréement annonce la marée. Je sens les premiers rouleaux qui glissent sous la coque, qui font craquer la charpente du navire. Les chaînes des ancres grincent et gémissent. Dans le ciel, les étoiles brillent d’un éclat fixe.
J.-M. G. Le Clézio, Le Chercheur d’Or

Lundi 11 mai

Je vous propose de laisser la grammaire de côté. J'ai mis l'accent sur cet aspect du programme parce que c'est évidemment plus facile pour vous d'assimiler et d'appliquer une leçon que de construire une réflexion sur un thème littéraire, sans possibilité de vous laisser prendre la parole. Il faut néanmoins avancer sur ce point et c'est la poésie qui sera l'objet de notre attention durant les prochaines semaines.

Séance 1 : L'engagement

La notion d'engagement fait partie des grandes problématiques de la littérature et de l'art en général. Encore une fois, il est plus facile d'en parler avec vous que de vous faire comprendre cela par écrit. La question est de savoir quelle place l'écrivain doit tenir dans la société : doit-il seulement produire des œuvres qui soient belles ou bien a-t-il un rôle politique ou religieux, servant à éclairer l'opinion publique ? Chaque écrivain répond différemment à cette question.
La séance comprendra donc deux activités, l'une portant sur la comparaison de deux textes théoriques sur la littérature et la seconde portant sur des propositions littéraires que je vous demanderai de commenter. Cette séance est un peu longue mais elle est importante : toute oeuvre, toute chanson, tableau, sculpture, poème, roman, etc., appartient à l'une des deux catégories que nous allons dégager et définir par ce travail.

Activité 1

Nous allons comparer deux préfaces d'écrivains, présentant chacune la conception que leurs auteurs se font de l'utilité de la littérature :


Texte 1
Je sais qu'il y en a qui préfèrent les moulins aux églises, et le pain du corps à celui de l'âme. A ceux-là, je n'ai rien à leur dire. Ils méritent d'être économistes dans ce monde, et aussi dans l'autre. Y a-t-il quelque chose d'absolument utile sur cette terre et dans cette vie où nous sommes? D'abord, il est très peu utile que nous soyons sur terre et que nous vivions. [...] Ensuite, l'utilité de notre existence admise a priori, quelles sont les choses réellement utiles pour la soutenir? De la soupe et un morceau de viande deux fois par jour, c'est tout ce qu'il faut pour se remplir le ventre, dans la stricte acception du mot. [...] Rien de ce qui est beau n'est indispensable à la vie. - On supprimerait les fleurs, le monde n'en souffrirait pas matériellement; qui voudrait cependant qu'il n'y eût plus de fleurs? Je renoncerais plutôt aux pommes de terre qu'aux roses, et je crois qu'il n'y a qu'un utilitaire au monde capable d'arracher une plate-bande de tulipes pour y planter des choux. A quoi sert la beauté des femmes? Pourvu qu'une femme soit médicalement bien conformée, en état de faire des enfants, elle sera toujours assez bonne pour des économistes. A quoi bon la musique? à quoi bon la peinture? Qui aurait la folie de préférer Mozart à M. Carrel, et Michel-Ange à l'inventeur de la moutarde blanche? Il n'y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien; [...] L'endroit le plus utile d'une maison, ce sont les latrines.
Préface de Mademoiselle de Maupin (1835), Théophile Gautier.

Texte 2
Toujours l'Homme se dresse pour refuser l'insoutenable. Et les mots jaillissent de sa bouche, durs et beaux comme des cris. La colère se fait chant, la révolte se fait verbe... Et c'est Rimbaud, Maïakovski, Artaud, Jules Vallès ou Walt Whitman, prêtant leur souffle à cet éternel refus d'accepter un monde inhumain. Que serait un homme sans cette petite lumière, que serait-il sans cette conscience, cette saine fureur qui lui fait redresser la tête, dire non, même au péril de sa vie?... dût-il être banni comme Hugo, condamné à mort comme Vallès ou périr comme Giordano Bruno !
La vie et le monde s'acharnent à nous rogner les ailes, mais c'est notre devoir absolu de nous efforcer en retour de les étendre, le plus large possible. Je dis non, je refuse, j'accuse, je mets en doute.. je me révolte donc je suis.
Mais aujourd'hui, qu'en est-il de la révolte, dans un Occident qui semble s'essouffler, gagné par la lassitude, dépassé par l'ampleur de ses problèmes ? La révolte aurait-elle sombré, emportée par la grande vague de la fin des idéologies ? Ne nous y fions pas car la belle est coriace. On n'a pas sa peau aussi facilement. Toujours la révolte couve, au sein de la jeunesse dont elle reste éternellement la fiancée de cœur. Pareille au Phénix, elle renaît de ses cendres pour échauffer le sang des jeunes générations. C'est donc aux adolescents que sont dédiées avant tout ces Paroles de Révolte car, selon la formule d'Alain, «l'individu qui pense contre la société qui dort, voilà l'histoire éternelle, et le printemps aura toujours le même hiver à vaincre ».
Préface de Paroles de révolte(1995), Michel Piquemal


Questions
1. Comparez ces deux textes en complétant le tableau suivant :



Gautier
Piquemal
Citation qui résume la pensée de l'auteur



But de l'art





2. Connaissez-vous des artistes (chanteurs, cinéastes, etc.) ou des œuvres qui illustrent l'une de ces deux conceptions ? Classez-les dans un tableau à deux colonnes : oeuvres engagées et oeuvres non-engagées

3. En vous appuyant sur le texte 2 et vos connaissances personnelles, rédigez une définition personnelle de l'engagement.


Activité 2

Voici une activité qui ne se corrige pas vraiment, mais qui se commente et devrait se discuter en classe.

Voici des affirmations. Certaines sont vraies, d'autres fausses, d'autres seulement discutables. Donnez votre avis en le justifiant.

1. La poésie ne peut rien contre la guerre, le racisme, l'intolérance.

2. La poésie donne des forces pour lutter contre l'oppression et la tyrannie.

3. Les poètes expriment surtout leurs sentiments personnels pour ce qui les entoure.

4. Les poètes peuvent s'engager pour défendre une cause.

5. Des poèmes peuvent être interdits.

6. Certains poètes ont été très connus et populaires pour leurs combats.

7. Des poètes se sont engagés dans la vie politique et sont même devenus chefs d’État.

8. La poésie engagée combat toujours ce qui opprime les hommes.

9. La poésie engagée s'exprime en vers.

10. La chanson d'aujourd'hui peut être engagée.


Pour finir cette séance et peut-être vous aider à commenter judicieusement les 10 affirmations précédentes (que nous corrigerons vendredi prochain), je vous laisse avec un poème d'un des plus grands poètes français, Paul Eluard. Comme vous vous en apercevrez à la lecture du texte suivant, Eluard était communiste. En 1950, il signe ces vers qui étonnent encore, quand on connaît les horreurs commises par Staline (je vous renvoie à vos cours d'histoire avec M. Domfront) :

Staline dans le cœur des hommes

Sous sa forme mortelle avec des cheveux gris

Brûlant d’un feu sanguin dans la vigne des hommes

Staline récompense les meilleurs des hommes

Et rend à leurs travaux la vertu du plaisir

Car travailler pour vivre est agir sur la vie

Car la vie et les hommes ont élu Staline

Pour figurer sur terre leurs espoirs sans bornes.

Et Staline pour nous est présent pour demain

Et Staline dissipe aujourd’hui le malheur

La confiance est le fruit de son cerveau d’amour

La grappe raisonnable tant elle est parfaite

Staline dans le cœur des hommes est un homme

Sous sa forme mortelle avec des cheveux gris

Brûlant d’un feu sanguin dans la vigne des hommes

Staline récompense les meilleurs des hommes

Et rend à leurs travaux la vertu du plaisir

Car travailler pour vivre est agir pour la vie

Car la vie et les hommes ont élu Staline

Pour figurer sur terre leur espoir sans bornes.

Paul Eluard 1950

Nous corrigerons ce travail vendredi 15 mai. Bonne semaine


Vendredi 15 mai

Correction de la séance 1

Questions

1. Comparez ces deux textes en complétant le tableau suivant :



Gautier

Piquemal

Citation qui résume la pensée de l'auteur

« Il n'y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien »

« La colère se fait chant, la révolte se fait verbe...»

Éventuellement, on peut aussi proposer cette phrase qui est un hommage au fameux « Je pense donc je suis » (Cogito ergo sum en latin) : « Je me révolte donc je suis »

But de l'art


L'art est la production d'œuvres belles.

L'art est un moyen d'exprimer sa révolte face aux injustices.


2. Il m'est difficile de remplir ce tableau à votre place. Voici quelques références célèbres :


Œuvres non-engagées

Œuvres engagées

La Joconde (Léonard de Vinci) : portrait pictural d'une femme, dont le regard et le charme semblent séduire encore aujourd’hui.


Demain dès l’aube (Victor Hugo) : poème célèbre dans lequel le poète rend hommage à sa fille, décédée par noyade. Il y exprime seulement sa tristesse, son recueillement. Plus largement, la plupart des poèmes lyriques n’ont aucun lien avec l’engagement.





Guernica (Pablo Picasso) : peinture qui présente le bombardement de la population civile d'une ville pendant la guerre civile espagnole. Il s'agit d'une dénonciation des agissements de Franco et de ses alliés (Hitler et Mussolini)


Les Châtiments (Victor Hugo) : recueil de poèmes écrits contre Louis-Napoléon Bonaparte, après son coup d'Etat du 2 décembre 1848. Victor Hugo a quitté la France et a fait publier ce recueil à charge contre l'empereur.


Les Joueurs de Skat (Otto Dix) : ce tableau de 1920 représente d’anciens combattants de la Première Guerre mondiale, jouant aux cartes, le visage mutilé. Le peintre y dénonce les horreurs de la guerre.




3. Ma définition. L’engagement est une conception de l’utilité des arts, selon laquelle ils servent à éveiller les consciences. Touché par une œuvre engagée, le public à qui elle s’adresse est censé changer d’opinion, réagir, prendre position en faveur d’une cause.


Activité 2

Dans mes commentaires, vous trouverez des liens vers des titres, des références que vous aurez peut-être la curiosité de découvrir. Vous ne perdrez pas votre temps...

1. Certains poèmes ou recueils entiers de poèmes, comme les Châtiments de Hugo sont intégralement consacrés à la la dénonciation d'un régime autoritaire. Dans Souvenir de la nuit du 4, le poète se souvient d'un enfant tué au moment du Coup D’État (https://gallica.bnf.fr/essentiels/victor-hugo/chatiments/souvenir-nuit-4)

2. Pourquoi pas… Songez à La Marseillaise, que vous connaissez comme hymne national mais qui est avant tout un poème de Rouget de Lisle (1792), composé pendant la Révolution française. C’est un chant puissant, entraînant, qui devait produire son effet en ces temps troublés, pour mener les soldats républicains au combat.

3. C’est l’idée qu’on se fait souvent des poètes : ils expriment leurs sentiments. Mais c’est réducteur : il n’y a pas de sujet impropre à la poésie. La dénonciation des injustices est un sujet parmi d’autres. Francis Ponge a écrit des poèmes sur des objets quotidiens, sans lyrisme ou sentimentalité ni dénonciation de quoi que ce soit : L'huître, La Lessiveuse, Le Mimosa et même Le Cageot (poème en prose à lire ici : http://www.florilege.free.fr/florilege/ponge/lecageot.htm)

4. Des poètes se sont engagés dans la Résistance, pendant la Seconde Guerre mondiale (René Char, Louis Aragon, Robert Desnos...)

5. Quand un poète dénonce la dictature dans son propre pays, il peut être inquiété, bien sûr.

6. Je repense à Hugo, très populaire par son opposition à Napoléon III, mais il y a aussi des écrivains (pas vraiment des poètes, il est vrai) qui se sont impliqués : Emile Zola prit la défense de Dreyfus et il est à peu près certain que sa mort n’a rien d’accidentel (conduit de cheminée bouché ayant conduit à son asphyxie).

7. Ça arrive : le poète Lamartine fut ministre des Affaires étrangères sous la Seconde République. Senghor fut le premier président du Sénégal, Aimé Césaire fut député de la Martinique, etc.

8. Si vous avez lu le poème d’Eluard à la gloire de Staline que j’ai posté, vous avez compris qu’un poète peut (sciemment ou non) se mettre au service de l’oppresseur.

9. La question du vers n’est pas propre à l’engagement : on peut écrire de la poésie qui ne soit pas en vers. Les Illuminations d’Arthur Rimbaud et le Spleen de Paris de Baudelaire (http://www.poetes.com/textes/baud_spl.pdf) sont des recueils de poèmes écrits en prose.

10. J’imagine que oui. Je n’y connais rien, mais ça doit se trouver… Vous connaissez cela mieux que moi. Le fait est que la chanson est une forme de poésie.


Séance 2 : La versification

Grosse séance aujourd'hui encore, mais vous avez jusqu'à mardi pour comprendre tout cela. Gardez bien ce cours qui, je pense, vous sera bien utile au lycée. Commençons par quelques définitions assez simples, à reporter dans le lexique au début du cahier.
Versification : C'est l'étude de la construction des poèmes, que ça soit la longueur des vers, des strophes, les types de rimes.
Vers : En poésie, un vers est une ligne, qui se caractérise par un rythme, parfois un nombre déterminé de syllabes et une rime. Généralement, le vers commence par une majuscule.
Rime : sons identiques à la fin de deux vers.
Strophe : En poésie, c'est l'équivalent du paragraphe.

Comprendre ces quatre mots est fondamental pour la suite de notre séance.
Voici le cours, commençons :

I. Dire des vers
1. Les types de vers
Nombre de syllabes
Nom du vers
Commentaire
1
monosyllabe




Vers courts, assez peu utilisés
2
dissyllabe
3
trisyllabe
4
tétrasyllabe
5
pentasyllabe
6
hexasyllabe
7
heptasyllabe
Peu fréquent
8
octosyllabe
Très fréquent
9
ennéasyllabe
Peu fréquent
10
décasyllabe
Très fréquent
11
hendécasyllabe
Très rare
12
alexandrin
Très fréquent

Les vers en gras sont les vers les plus couramment utilisés. Un poète s'est amusé à utiliser la plupart de ces types de vers dans le même poème : c'est Victor Hugo, dans les Djinns : https://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/victor_hugo/les_djinns

Parenthèse refermée. Reprenons :


2. Comment compter les syllabes ?
La question mérite d'être posée : si vous comptez mal, vous ne respecterez pas le rythme souhaité par l'auteur.

a. Un mot terminé par un -e muet
Le -e en fin de mot :
- compte comme une syllabe si la lettre initiale du mot suivant est une consonne ;
- ne compte pas si l'initiale du mot suivant est une voyelle ;
- ne compte pas comme une syllabe en fin de vers.


Exemple : C'est / un / trou / de / ver / dure / où / chante / u / ne / ri / vière /(Le Dormeur du Val, Rimbaud)
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Les slashs séparent chaque syllabe. Ce vers est donc alexandrin.
(Si je me trompe dans les -e en fin de vers, je peux compte jusqu'à 15 syllabes, au lieu de 12, en comptant tous les -e en fin de mots)


b.La diérèse et la synérèse
Lorsque, à l'intérieur d'un mot, deux voyelles se suivent, le poète peut les prononcer en une ou en deux syllabes. Pour savoir comment prononcer le mot, il convient donc de se demander quel est le mètre utilisé.


C'est un trou de verdure où chante une riv / re (synérèse : le -i- et le -è- se prononcent dans la même syllabe )
[…]
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Sou/ ri / ant comme (diérèse : on sépare le -i- et le -an- en deux syllabes distinctes)
Sourirait un enfant malade (Le Dormeur du val, Rimbaud)


II. Les rimes
1. Disposition des rimes
Rimes plates ou suivies : aabb
Rimes embrassées abba
Rimes croisées : abab


2. Richesse de la rime
un seul son commun : rime pauvre (oiseau / nouveau : son "o")
deux sons communs : rime suffisante (rideau / radeau : sons "d" + "o"
trois sons communs : rime riche (course / Grande-Ourse : sons "ou" + "r" + "s")


III. Longueur des strophes
strophe de - 2 vers : un distique - 3 vers : un tercet
- 4 vers : un quatrain - 5 vers : un quintil
- 6 vers : un sizain - 8 vers : un octain - 10 vers : un dizain


On s'arrête là. Voilà ce que nous allons faire : je vous donne un poème à lire et votre travail, très formel, va consister à en observer la construction. Les questions figurent à la suite du poème :


Robert Desnos (1900-1945). Après avoir participé au mouvement surréaliste, il s'implique dans les années 1930 dans la lutte antifasciste, puis dans la résistance. Il est arrêté et meurt le 8 juin 1945 au camp de concentration de Theresienstadt en Tchécoslovaquie.

Demain

Âgé de cent mille ans, j’aurais encor la force
De t’attendre, ô demain pressenti par l’espoir.
Le temps, vieillard souffrant de multiples entorses,
Peut gémir : Le matin est neuf, neuf est le soir.

Mais depuis trop de mois nous vivons à la veille,
Nous veillons, nous gardons la lumière et le feu,
Nous parlons à voix basse et nous tendons l’oreille
À maint bruit vite éteint et perdu comme au jeu.

Or, du fond de la nuit, nous témoignons encore
De la splendeur du jour et de tous ses présents.
Si nous ne dormons pas c’est pour guetter l’aurore
Qui prouvera qu’enfin nous vivons au présent.
Robert Desnos, 1942.

1. Quelle est la longueur des vers dans ce poème ? Copiez les deux premiers vers du poèmes et découpez-les en syllabes (à l'aide de slashs comme je l'ai fait moi-même plus haut).

2. "Vieillard" et "Lumière" contiennent des sons voyelles consécutifs. Les prononcez-vous en diérèse ou en synérèse ?
Je reformule la consigne plus simplement :
Vi / eil / lard ou vieil / lard ?
Lu / mi / ère ou Lu / mière ?

3. Comment les rimes sont-elles disposées (plates, croisées ou embrassées) ?

4. Donnez un exemple de rime pauvre, suffisante et riche.

5. De quel type de strophe le poème est-il composé ?

Correction mardi 19 mai. Bonne fin de semaine.

Mardi 19 mai

Correction du travail à faire :
1.
 / gé / de / cent / mille / ans, / j’au / rais / en / cor / la / force / = 12 syllabes
De / t’at / tendre, / ô / de / main / pres / sen / ti / par / l’es / poir. / = 12 syllabes

Il s'agit donc d'un poème écrit en alexandrins.
Remarques :
a. Maintenant vous comprenez mieux pourquoi encore a deux orthographes, selon le nombre de syllabes que l'on souhaite obtenir. L'orthographe encor est ce qu'on appelle une licence poétique, c'est-à-dire une liberté prise par les poètes pour obtenir le nombre syllabes souhaité.
b. Vous remarquerez qu'on coupe entre les deux consonnes doublées : at / tendre et pres /senti

2. Puisque l'on sait maintenant que le poème est écrit en alexandrins, il n'y a qu'à compter les syllabes des vers où apparaissent ces deux mots pour savoir s'il faut les prononcer en diérèse ou en synérèse :

Le / temps, / __________ souf / frant / de /mul / tip / les / en / torses = 10 syllabes, sans compter le mot vieillard. Je dois donc le prononcer en deux syllabes pour parvenir à un alexandrin : vieil / lard
J'ai donc associer au sein de la même syllabe le "i" et le "ei" = synérèse

Nous / veil / lons, / nous / gar / dons / la / _________ / et / le / feu = 10 syllabes. Cette fois encore, je dois prononcer lumière en deux syllabes pour arriver à 12 : lum / ière = synérèse

(Au passage, il existe un moyen plus savant de savoir si un mot se prononce en diérèse ou en synérèse : si le son existe dans l'étymon (le latin, en général), il faut le prononcer en diérèse. Exemple : lat. declaratio > déclara / ti / on)

3. Les rimes sont croisées (abab) dans les trois strophes. Prenons la première en exemple :
force = a
espoir =b
entorses =a
soir =b

4. Ce poème comprend les trois types de rimes :
- rime pauvre : feu / jeu (un seul son commun, le son "eu")
- rime suffisante : encore / aurore (deux sons communs : "o" et "r")
- rime riche : force / entorses (trois sons communs : "o" , "r", "s") Dans la dernière strophe, Desnos ne s'est pas fatigué, il a tout simplement repris le même mot "présent(s)", ce qui donne une rime très riche !

C'est de la phonétique, les lettres écrites mais non prononcées ne comptent pas. Quand vous cherchez un mot dans le dictionnaire, on vous présente entre crochets la prononciation de ce mot. Chaque signe équivaut à un son.http://francahier.blogspot.com/2013/10/lalphabet-phonetique.html

5. Le poème comprend trois quatrains (= trois strophes de quatre vers).

Je vous redonne le même travail sur un autre poème de Desnos. Cette fois le travail sera un peu plus difficile. Ce poème a été écrit un an après "Demain". Les nazis ont arrêté l'un de ses amis, André Platard.
Même s'il s'en doute, Desnos ne sait pas que son "copain", comme il l'appelle, a été fusillé pour participation à la résistance. Le Mont Valérien (situé à quelques encablures de Paris) était une prison où l'on emprisonnait et exécutait les résistants, nous aurons l'occasion d'en reparler bientôt :


« Couplets de la rue Saint-Martin »

Je n’aime plus la rue Saint-Martin
Depuis qu’André Platard l’a quittée.
Je n’aime plus la rue Saint-Martin,
Je n’aime rien, pas même le vin.


Je n’aime plus la rue Saint-Martin

Depuis qu’André Platard l’a quittée.
C’est mon ami, c’est mon copain.

Nous partagions la chambre et le pain.
Je n’aime plus la rue Saint-Martin.


C’est mon ami, c’est mon copain.

Il a disparu un matin,

Ils l’ont emmené, on ne sait plus rien.
On ne l’a plus revu dans la rue Saint-Martin.


Pas la peine d’implorer les saints,
Saints Merri, Jacques, Gervais et Martin,

Pas même Valérien qui se cache sur la colline.
Le temps passe, on ne sait rien.
André Platard a quitté la rue Saint-Martin.


Robert Desnos, États de veille, 1943



1. Quelle est la longueur des vers dans ce poème ? Est-ce aussi simple que dans le poème "Demain" ? Pourquoi ?

2. Quelles remarques pouvez-vous faire sur la disposition des rimes ? Répondez précisément.
Un mot ne rime avec rien. Lequel et pourquoi, selon vous ?

3. De quels types de strophes le poème est-il composé ?

4. Comparez le ton des deux poèmes de Desnos : l'atmosphère qui se dégage de chacun d'eux est-elle la même ? Expliquez.

Bonne semaine.

Photomaton, Desnos, 1929

Vendredi 22 mai

Bonjour, le travail se fera en deux temps aujourd'hui. Tout d'abord vous trouverez la correction du travail pour aujourd'hui. Ensuite, je vous donnerai une dictée à faire avec un membre de la famille.

I. Voici la correction du travail demandé pour aujourd'hui. La correction que je vous propose va s'efforcer d'aller plus loin que la dernière fois : je vais tâcher de vous montrer comment raccrocher le fond à la forme, le sens du poème à la versification...


1. On trouve des vers de différentes longueurs :

- 7 syllabes (vers 17)

- 9 syllabes (vers 1)

- 8 syllabes (vers 7)

- 10 syllabes (vers 12)

- 12 syllabes (vers 13)

- 14 syllabes (vers 16)

Cette alternance est totalement irrégulière et ne répond à aucune règle. Dans ce cas, on parle de vers libres. Comme leur nom l'indique, les vers libres ne se laissent pas enfermer par un compte précis de syllabes.


2. C'est une autre caractéristique du vers libre : ça ne rime pas forcément, on ne cherche plus de rimes plates, croisées et embrassées. Desnos s'est quand même efforcé de finir presque tous ses vers par le son « -in ». Cette rime est associée en fait à des répétitions de mots, à un ressassement lié à la disparition de son ami. D'autre part, cette rime, par son extrême simplicité, donne au poème un caractère enfantin qui se retrouve dans le choix du vocabulaire (« c'est mon copain »). Cette amitié simple, cette camaraderie se retrouvent donc dans le système des rimes.

On trouve une autre rime en « quittée » et un mot tout seul « colline ». Le poète feint de parler d'un saint qui s'appellerait Valérien. En réalité il désigne le mont (ou colline) Valérien, qui était la prison où les Allemands exécutaient les opposants. C'est sans doute la raison pour laquelle ce mot ne rime avec rien : il crée une dissonance, une rupture de l'harmonie qui régnait avant l'arrestation du « copain ».

Étudier un poème, c'est voir comment le fond et la forme se complètent. Ici, on voit que le choix des rimes accompagne le propos du poète.


3. Le poète alterne deux quatrains (strophes de quatre vers) et deux quintils (strophes de cinq vers).


4. Les « Couplets de la rue Saint-Martin» témoignent d'une jeunesse et d'une vie simple, heureuse, mais perdues en même temps qu'André Platard a disparu. C'est une chanson des rues détraquée, déréglée aussi bien dans le propos que dans le choix du vers libre et des rimes.

Tout autre est ce « Demain », plus classique dans sa construction (voir séance de mardi dernier) et plus solennel dans son expression (« Ô demain pressenti par l'espoir »). Dans ce poème, Desnos parle des activités clandestines de la Résistance en les associant à la nuit et en évoquant la Libération comme une aurore à venir.

Les « Couplets » présentent une vision personnelle, une douleur intime alors que « Demain » est porté par un projet politique et collectif (emploi de la première personne du pluriel) de libération.


Deux facettes du talent de Desnos, qui mourra, je vous le rappelle, en camp de concentration, en 1945. Je conclurai donc cette séance avec ce poème qu'il a écrit en camp de concentration et qui fut retrouvé dans sa poche par les soldats tchèques qui libérèrent le camp :


J'ai rêvé tellement fort de toi,
J'ai tellement marché, tellement parlé,
Tellement aimé ton ombre,
Qu'il ne me reste plus rien de toi.
Il me reste d'être l'ombre parmi les ombres
D'être cent fois plus ombre que l'ombre,
D'être l'ombre qui viendra et reviendra
Dans ta vie ensoleillée.


II. Petite séance d'orthographe pour finir la semaine. Il s'agit d'une dictée qui présente des difficultés dans l'accord sujet/verbe.

Faites-vous dicter le texte puis relisez-vous en repérant le sujet de chaque verbe conjugué, que vous soulignerez. Souvenez-vous, pour trouver le sujet, on pose la question: "qui est-ce qui ? " ou "qu'est-ce qui?"

Un indice : il y a 9 verbes conjugués.

Voici le texte de la dictée:


La madeleine de Proust

Et dès que j'eus reconnu le goût du morceau de madeleine trempé dans le tilleul que me donnait ma grand-mère, aussitôt la vieille maison grise sur la rue, où était sa chambre, vint comme un décor de théâtre s'appliquer au petit pavillon, donnant sur le jardin, qu'on avait construit pour mes parents sur ses derrières; et avec la maison, la ville, la Place où on m'envoyait avant déjeuner, les rues où j'allais faire des courses depuis le matin jusqu'au soir et par tous les temps, les chemins qu'on prenait si le temps était beau.

Marcel Proust, Du Côté de chez Swann, 1913.


Bon week-end à tous.


Mardi 25 mai

Séance 3 : Les figures de style


Étudier un poème, c'est être attentif à la vision du monde que le poète nous présente. Les figures de style (on parle aussi d'images) servent justement à cela : donner une vision personnelle et originale du monde. Il en existe beaucoup (on en fait même des dictionnaires), mais nul n'est besoin de savoir ce qu'est un zeugma : les dix-sept figures qui figurent dans le tableau constituent déjà un solide bagage.

Aujourd'hui, je suis passé au PDF (tableau qui figure normalement en haut de page) : imprimez, collez, remplissez. Votre travail va consister à définir les figures de style à partir de l'exemple qui vous est donné dans la colonne de droite. A faire au crayon à papier pour éviter les ratures inutiles. Essayez d'expliquer avec vos mots plutôt que de piocher une définition faite par autrui.

Vous remarquerez que ces figures de style sont rassemblées en thèmes : analogie, atténuation/amplification, répétition, substitution, opposition. Il est important de comprendre ces mots :

- analogie = ressemblance (on trouve un point commun entre deux choses a priori très différentes).

- atténuation / amplification : on cherche à minimiser ou au contraire à augmenter (effet loupe) l'importance d'un fait ou d'une réalité.

- répétition : pas compliqué. On va répéter des mots ou une structure de phrase.
- substitution : ce mot signifie "remplacement".
- opposition : l'écrivain joue sur le rapprochement de réalités contraires (noir/blanc par exemple).

C'est une séance importante, notamment pour le lycée. Donc conservez ce travail et votre bonne humeur (oh, un zeugma), ils vous seront toujours utiles.
Bon travail en poésie.

Voir en haut de page pour la suite
Posted by fourmont
Figures De Style
Posted by fourmont